Le quartier de Pierreuse est situé derrière le palais
de justice (1) , au-delà de la tranchée et du tunnel ferroviaires (2).
Outre bien sûr la rue Pierreuse elle-même (3), il comporte la rue
Volière (4), la rue Fond Saint-Servais (5), au Péri et la cour des
Minimes.
|
|
Gravure de 1649 :
1. Le palais des
princes-évêques et la cathédrale Saint-Lambert.
2. La zone détruite à la fin du XIXe siècle lors de l'aménagement de la
petite
ceinture ferroviaire.
3. La rue Pierreuse.
4. Le couvent des frères cellites
(rue Volière).
5. Le Fond Saint-Servais.
6. La rue du Péri.
7. La porte Sainte-Walburge.
8. Les terrains de Favechamps.
9. Le couvent des Jésuites anglais.
|
|
|
|
Tout début du XXe siècle
: le palais provincial, le square Notger et la colline de Pierreuse.
|
|
Mars 2008 : les travaux
d'extension du palais de justice. On ne voit plus grand-chose de
Pierreuse !
|
SÉRIE
1 : la rue Pierreuse.
|
La rue Pierreuse
prend son départ rue du Palais, derrière le palais de justice. La carte
postale ci-dessous date du début du XXe siècle (après 1905 puisqu'on y
voit, tout à gauche, la gare construite pour l'exposition
internationale) ; vous pouvez la comparer avec l'état des lieux en mars
2008 (le bâtiment moderne en construction, dans le fond à gauche, est
une extension du palais de justice) :
|
Cet édifice classé du
XVIIe siècle, au pied de la rue Pierreuse, est l'ancienne commanderie
de l'Ordre Teutonique, chevaliers dont la présence est attestée dès le
XIIIe siècle.
Cliquez
ICI pour découvrir,
en popup, davantage de renseignements sur les coteaux et terrasses
situés à l'arrière de ce bâtiment.
|
|
|
|
|
Eau-forte
représentant la commanderie des chevaliers teutoniques vers 1700. En
(1) le corps des logis ; en (2), une tour de guet dite la « tour des
Vieux Joncs ». Le titre dans la banderole rappelle que c'est cet ordre
religieux et militaire qui a fondé l'église Saint-André toute proche.
Ci-dessous, une vue
aérienne de cet endroit en 2006, avec localisation dans son environ-
nement contemporain : le palais de justice
et les travaux relatifs à son extension
(cf. rubrique « Gare du Palais »)
|
Vue
aérienne obtenue grâce à Live Search Maps de
Microsoft.
C'est avec une déclivité
de 14% que la rue Pierreuse gravit la colline qui mène sur
les hauteurs de la Citadelle.
|
À la fin des années 1930.
|
|
En juin 2006.
|
Il s'agit d'une des plus anciennes voies de Liège ;
au début du VIIIe siècle, déjà, elle constituait le point de départ du
chemin vers Tongres.
On admet généralement que le terme « Pierreuse »
trouverait son origine dans les carrières ouvertes à cet endroit à la
fin du Xe siècle, à l'époque où Notger, le premier prince-évêque, a
besoin de pierres pour ériger une muraille autour de la cité.
Mais
il se pourrait que la rue se soit appelée ainsi parce qu'elle a été la
première artère empierrée de la cité, pour faire face aux torrents de
boue qui dévalaient la pente les jours d'intempérie.
Il existait autrefois, au sommet de la rue, une porte
fortifiée appelée la porte de Sainte-Walburge.
Ci-contre, la porte Sainte-Walburge au début du XVIIe
siècle. Elle a disparu en 1817 lors de la reconstruction de la
citadelle par les Hollandais.
|
|
|
Un peu plus bas, se trouvait la « barrière de
Pierreuse » :
1815. Cette arcade est
sans doute le vestige d'un ouvrage plus important, placé en deuxième
ligne de défense.
|
|
Juin 2006 : l'arcade a
depuis longtemps disparu, mais certains éléments rappellent toujours le
site d'origine.
|
Au milieu du XIXe siècle.
|
|
En juin 2006.
|
|
|
Le cercle rouge, sur la photo ci-dessus, indique la
ferme de la Vache, que nous revoyons ci-contre dans le sens de la
montée.
Ce vaste domaine de
bâtiments, prés et jardins, est occupé dès 1620 par des Jésuitesses
anglaises, lesquelles prennent l'habit des Sépuchrines anglaises en
1630, après la suppression de leur congrégation par Urbain VIII.
En 1655, la propriété est
cédée au prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière, en vue de
l'aménagement de nouvelles fortifications.
|
L'ensemble appartient actuellement au CPAS de Liège,
qui y développe un projet de réinsertion sociale par le maraîchage
biologique. Cliquez ICI pour ouvrir, en
popup, une galerie de photos concernant la ferme et les terrains
champêtres de Favechamps.
Au tout début du XXe
siècle.
|
|
En mars 2008.
|
À gauche :
la rue du Péri (devenue « au Péri » depuis 1970).
À droite : la rue Volière.
|
Le bas de la rue
Pierreuse compte des immeubles datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Dans
le passé, l'endroit est habité par des notables, et même par des
chanoines du châpitre de la cathédrale Saint-Lambert, toute proche. En
octobre 1520, c'est par la porte Sainte-Walburge et Pierreuse que
Charles Quint fait son entrée à Liège, invité par le prince-évêque
Erard de la Marck.
C'est dans la seconde
moitié du XIXe siècle, avec la révolution industrielle, que le quartier
devient populaire. Au début du XXe siècle, petits commerçants, ouvriers
et artisans se partagent la rue, très animée. Quelques brassines
(débits de boissons), fréquentées aussi par les militaires de la
citadelle, contribuent à rendre les lieux « mal famés »
(étymologiquement : de mauvaise réputation).
|
Le bas de Pierreuse
et son animation populaire en 1925.
|
Le grand Christ de
Pierreuse en 1914.
En 2007
|
|
Ce Christ en croix, dans le haut de la rue, est une
sculpture très ancienne. Il ornait déjà depuis longtemps l'église
Saint-Servais (voir plus bas
sur cette page) quand le curé de la paroisse l'en ôta en 1649 et le fit
installer à son emplacement actuel.
Les gens l'appellent le « grand bon djeu de Pierreuse », « grand » pour
le différencier du crucifix vénéré plus bas dans la rue, visible sur
les photos précédentes.
|
|
|
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les faibles loyers attirent les
populations immigrées.
Pierreuse, dans sa
partie basse en tout cas, prend l'atmosphère d'un village cosmopolite,
où apparaissent toute une série d'associations pluriculturelles
militant en faveur des droits de l'Homme, condamnant la mondialisation
ou réclamant davantage de logements sociaux...
|
Au printemps 2006, on
vient d'ouvrir une épicerie « conviviale » appelée « Chez Dju Dju». Une
société coopérative pour récréer un commerce de proximité dans un
environnement défavorisé.
Quand on pense que 60 ans
plus tôt, de nombreux commerces animaient la rue : magasins
d'alimentation générale, boulangeries, boucheries,
tabacs-cigares-liqueurs, salons de coiffure, librairies... En 1939, on
dénombrait jusqu'à 16 épiceries !
|
|
|
|
|
La ville essaie de rendre
une réputation touristique au quartier. Au n° 38 de la rue Pierreuse,
par exemple, une série d'escaliers permettent d'accéder aux vestiges du
couvent des Minimes et aux terrasses de l'Ordre Teutonique.
Cliquez
ICI pour ouvrir, en
popup, une galerie de photos concernant ces murs anciens et les
paysages qu'on y découvre.
|
SÉRIE 2 : la rue Fond Saint-Servais.
|
La rue Fond Saint-Servais
longe la tranchée ferroviaire de la gare du Palais
(photos de juin 2006).
|
|
Certains immeubles y
témoignent d'un passé aristocratique.
|
|
Le Fond Saint-Servais
dans son nouvel environnement (photo de mars 2008), à la suite des
travaux d'extension du palais de justice et du réaménagement de la gare
du Palais.
|
La rue tient son nom de
l'église Saint-Servais, qui aurait été fondée en 933
par l'évêque Richer (ou Richaire).
|
|
Saint Servais
est l'évêque qui évangélise les Gaules au IVe siècle. On lui attribue
la création de l'évêché de Tongres, qui deviendra, six siècles plus
tard, la principauté épiscopale de Liège.
|
De l'oratoire roman
d'origine, il ne reste que la base de la tour
Depuis le XIIIe siècle, l'église présente un
aspect gothique, primaire d'abord puis flamboyant dès la fin du XVIe
siècle, après la destruction d'une partie de l'édifice, provoquée en
1583 par l'effondrement de la partie supérieure du clocher. Entre deux
fenêtres ogivales de la façade principale, une statue de l'évêque
Richaire, fondateur de l'oratoire primitif.
|
|
|
En août 1981, un incendie criminel a fortement endommagé
l'église. Le feu a totalement détruit la toiture, les vitraux et une
partie du mobilier. L'édifice restauré n'a toujours pas retrouvé une
toiture qui lui rendrait son volume extérieur.
Au milieu du XIXe siècle
(bizarrement, le clocher n'apparaît pas sur le dessin). La porte
cochère, à gauche de l'église, est l'entrée des presses de la Gazette
de Liége.
|
|
Un siècle plus tard. La
tranchée du chemin de fer a totalement modifié l'apparence des lieux.
|
C'est la mise en
service d'une petite ceinture ferroviaire, à la fin du XIXe siècle, qui
isole le quartier Saint-Servais de la place Saint-Lambert.
Le percement du tunnel sous Pierreuse débute en 1873. Les bâtisses que
l'on aperçoit sur la droite de la photo sont rasées
en 1878
|
|
|
|
|
En cette fin du
XIXe siècle, des explosions nécessitées par le creusement de la
tranchée ferroviaire secouent les fondements de l'église et provoquent
divers dégâts d'importance.
La fabrique d'église
obtient de l'État des dédommagements qui lui permettent de restaurer
l'édifice de 1883 à 1891.
|
|
|
|
Du côté du Fond
Saint-Servais pendant les travaux d'aménagement du chemin de fer à la
fin du XIXe siècle.
|
|
Le même endroit 130
ans plus tard, pendant les travaux d'extension du palais de justice.
|
Au tout début du XXe
siècle.
|
|
En août 1981, pendant
l'incendie d'origine criminelle qui détruira la toiture, les vitraux et
une partie du mobilier.
|
|
|
Les photos de l'incendie de l'église Saint-Servais sont des copies de
diapositives fournies par Wlilli Dorren de Grivegnée.
|
Au tout début du XXe
siècle.
|
|
En mars 2008.
|
Carte postale colorisée
du début du XXe siècle.
|
|
Le même endroit en 1962.
|
L'entrée de la rue Fond
Saint-Servais du côté de la rue Pierreuse, au début des
années 1960.
|
|
Ce tronçon de la rue a
disparu lors des travaux d'extension du palais de justice (photo de
2008).
|
La rue Fond Saint-Servais
en 1962, avec la rue Pierreuse dans le fond.
|
|
Le même endroit, hélas,
en 2009 !
|
|
|
|
La rue Fond
Saint-Servais dans la seconde moitié du XIXe siècle (en tournant le dos
à Pierreuse).
|
|
La même perspective
en 1968.
|
La rue Volière relie la rue Fond Saint-Servais à la rue
Pierreuse et au Péri.
Au tout début du XXe
siècle.
|
|
En juin 2006.
|
|
Mars 2008 : à gauche, la
rue Volière ; à droite, les travaux d'extension du palais de justice.
|
|
|
À l'emplacement montré
ci-contre, il existait, dès le XIIIe siècle, un immeuble dont la façade
était ornée d'une enseigne représentant une volière. Cette enseigne a
fini par donner son nom à la rue.
Une autre version
raconte qu'un habitant ayant voyagé en Italie, au XVIe siècle, en
aurait ramené la passion d'élever des oiseaux exotiques.
|
Dès le XIVe siècle, les
frères cellites s'occupent à Liège de prendre soin des pestiférés (en
1346, une épidémie de peste noire frappe la cité) et d'enterrer les
indigents. En 1519, le prince-évêque Erard de la Marck leur attribue la
mission de s'occuper des « insensés ».
Leur couvent est établi
rue Volière. La chapelle Saint-Roch, édifiée en 1558, fait partie de
l'ensemble monastique. Elle est connue pour son orgue du XVIIIe siècle.
https://www.chapelle-voliere.be
|
|
Saint Roch (1295-1327) est originaire de
Montpellier. Probablement médecin de formation, il consacre sa vie à
combattre la peste, principalement en Italie.
Sur l'illustration
ci-contre, on le voit montrant sa plaie, lui-même ayant contracté la
maladie.
Fêté le 16 août, il est
prié dans le cas des infections contagieuses.
|
La chapelle Saint-Roch au
XIXe siècle.
|
|
En juin 2006.
|
Lors des périodes
révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle, l’hospice est laïcisé ; il
continuera ses activités psychiâtriques jusque dans la seconde moitié
du XXe siècle, quand la vétusté des lieux exigera un déménagement dans
de nouvelles installations (dont l'entrée se trouve désormais montagne
Sainte-Walburge).
Acquis par le Fonds du
Logement des Familles nombreuses de Wallonie, le bâtiment de la
« Licorne », vestige de l'ancien couvent, est en cours de restauration
pour devenir un complexe de logements sociaux.
Juin 2006. Àremarquer
dans le fond : l'arrière de la chapelle Saint-Roch
|
|
|
SÉRIE
4 : au Péri, ou Pèrî.
|
Le nom « Péri » (qu'on
trouve aussi avec un « y ») partage probablement son origine avec
« Pierreuse », à cause des carrières de pierre exploitées jadis dans
ces endroits.
Au départ de Pierreuse, la rue du Péri (baptisée
officiellement « au Péri » depuis 1970) commence par un escalier puis
rejoint le site de la Citadelle.
Les Minimes
voient leurs biens vendus en 1798, et leur couvent, déjà pillé, est
finalement détruit. La cour qui évoque leur nom présente aujourd'hui
des habitations privées...
|
|
Le portail que l'on voit sur la photo ci-contre
permet d'accéder à la cour des Minimes, du nom d'un ordre religieux
installé là dès 1624.
... dont les jardins sont soutenus par quelques murs
anciens ayant échappé à la destruction.
|
SÉRIE
5 : l'extension du palais de justice.
|
Parallèlement au
réaménagement de la gare du Palais, la ville de Liège entreprend, dès
septembre 2005, la construction d'une extension au palais de justice.
Les degrés Saint-Pierre
au début
du XXe siècle.
|
|
Les premières
démolitions, place Saint-Lambert, au milieu des années 1970.
|
En juin 2004 : un chancre
urbain
depuis une trentaine d'années.
|
|
Le 28 septembre 2005 :
l'inauguration du chantier pour l'extension du palais de justice.
|
En avril 2006.
|
|
Dans le futur.
|
Ce n'est pas la première
fois qu'une annexe au palais de justice est envisagée à cet endroit. La
photo ci-contre date de 1982. On y aperçoit les fondations d'un
bâtiment qu'on n'a jamais terminé. Les opposants au projet, à cette
époque, ont fait valoir qu'il était inadmissible de dissimuler la
façade du palais.
|
|
|
En ce début du XXIe
siècle, ce sont les riverains de Pierreuse
qui se plaignent du projet monumental qui va complètement isoler leur
quartier du centre-ville.
Juin 2006 : on aperçoit
toujours le Fond Saint-Servais et Pierreuse, malgré le début des
travaux.
|
|
Mars 2008 : les nouvelles
constructions ferment la place, on distingue à peine un fragment de
l'église Saint-Servais.
|
Tout début du XXe siècle
: le square Notger et Pierreuse.
|
|
Mars 2008 !
|
|