Le quartier de Pierreuse







Le quartier de Pierreuse est situé derrière le palais de justice (1) , au-delà de la tranchée et du tunnel ferroviaires (2). Outre bien sûr la rue Pierreuse elle-même (3), il comporte la rue Volière (4), la rue Fond Saint-Servais (5), au Péri et la cour des Minimes.

Avril 2006.

 

Gravure de 1649 :

1. Le palais des princes-évêques et la cathédrale Saint-Lambert.
2. La zone détruite à la fin du XIXe siècle lors de l'aménagement de la petite
ceinture ferroviaire.
3. La rue Pierreuse.
4. Le couvent des frères cellites
(rue Volière).
5. Le Fond Saint-Servais.
6. La rue du Péri.
7. La porte Sainte-Walburge.
8. Les terrains de Favechamps.
9. Le couvent des Jésuites anglais.


Mars 2008 .



 
Tout début du XXe siècle : le palais provincial, le square Notger et la colline de Pierreuse.

 
Mars 2008 : les travaux d'extension du palais de justice. On ne voit plus grand-chose de Pierreuse !



SÉRIE 1 : la rue Pierreuse.

 La rue Pierreuse prend son départ rue du Palais, derrière le palais de justice. La carte postale ci-dessous date du début du XXe siècle (après 1905 puisqu'on y voit, tout à gauche, la gare construite pour l'exposition internationale) ; vous pouvez la comparer avec l'état des lieux en mars 2008 (le bâtiment moderne en construction, dans le fond à gauche, est une extension du palais de justice) :


Cet édifice classé du XVIIe siècle, au pied de la rue Pierreuse, est l'ancienne commanderie de l'Ordre Teutonique, chevaliers dont la présence est attestée dès le XIIIe siècle.

Cliquez ICI pour découvrir, en popup, davantage de renseignements sur les coteaux et terrasses situés à l'arrière de ce bâtiment.

 


 

Eau-forte représentant la commanderie des chevaliers teutoniques vers 1700. En (1) le corps des logis ; en (2), une tour de guet dite la « tour des Vieux Joncs ». Le titre dans la banderole rappelle que c'est cet ordre religieux et militaire qui a fondé l'église Saint-André toute proche.

Ci-dessous, une vue aérienne de cet endroit en 2006, avec localisation dans son environ-
nement contemporain : le palais de justice
et les travaux relatifs à son extension
(cf. rubrique « Gare du Palais »)


Vue aérienne obtenue grâce à Live Search Maps de Microsoft.


C'est avec une déclivité de 14% que la rue Pierreuse gravit la colline qui mène sur
les hauteurs de la Citadelle.

 

À la fin des années 1930.
 
En juin 2006.

Il s'agit d'une des plus anciennes voies de Liège ; au début du VIIIe siècle, déjà, elle constituait le point de départ du chemin vers Tongres.

On admet généralement que le terme « Pierreuse » trouverait son origine dans les carrières ouvertes à cet endroit à la fin du Xe siècle, à l'époque où Notger, le premier prince-évêque, a besoin de pierres pour ériger une muraille autour de la cité.

Mais il se pourrait que la rue se soit appelée ainsi parce qu'elle a été la première artère empierrée de la cité, pour faire face aux torrents de boue qui dévalaient la pente les jours d'intempérie.

Il existait autrefois, au sommet de la rue, une porte fortifiée appelée la porte de Sainte-Walburge.

Ci-contre, la porte Sainte-Walburge au début du XVIIe siècle. Elle a disparu en 1817 lors de la reconstruction de la citadelle par les Hollandais.

 

Un peu plus bas, se trouvait la « barrière de Pierreuse » :

 
1815. Cette arcade est sans doute le vestige d'un ouvrage plus important, placé en deuxième ligne de défense.
 
Juin 2006 : l'arcade a depuis longtemps disparu, mais certains éléments rappellent toujours le site d'origine.

 
Au milieu du XIXe siècle.
 
En juin 2006.

 

Le cercle rouge, sur la photo ci-dessus, indique la ferme de la Vache, que nous revoyons ci-contre dans le sens de la montée.

Ce vaste domaine de bâtiments, prés et jardins, est occupé dès 1620 par des Jésuitesses anglaises, lesquelles prennent l'habit des Sépuchrines anglaises en 1630, après la suppression de leur congrégation par Urbain VIII.

En 1655, la propriété est cédée au prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière, en vue de l'aménagement de nouvelles fortifications.

L'ensemble appartient actuellement au CPAS de Liège, qui y développe un projet de réinsertion sociale par le maraîchage biologique. Cliquez ICI pour ouvrir, en popup, une galerie de photos concernant la ferme et les terrains champêtres de Favechamps.

 

Au tout début du XXe siècle.
 
En mars 2008.

À gauche : la rue du Péri (devenue « au Péri » depuis 1970).
À droite : la rue Volière.


Le bas de la rue Pierreuse compte des immeubles datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Dans le passé, l'endroit est habité par des notables, et même par des chanoines du châpitre de la cathédrale Saint-Lambert, toute proche. En octobre 1520, c'est par la porte Sainte-Walburge et Pierreuse que Charles Quint fait son entrée à Liège, invité par le prince-évêque Erard de la Marck.

C'est dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec la révolution industrielle, que le quartier devient populaire. Au début du XXe siècle, petits commerçants, ouvriers et artisans se partagent la rue, très animée. Quelques brassines (débits de boissons), fréquentées aussi par les militaires de la citadelle, contribuent à rendre les lieux « mal famés » (étymologiquement : de mauvaise réputation).

Le bas de Pierreuse et son animation populaire en 1925.

Le grand Christ de Pierreuse en 1914.

En 2007

 


Ce Christ en croix, dans le haut de la rue, est une sculpture très ancienne. Il ornait déjà depuis longtemps l'église Saint-Servais (voir plus bas sur cette page) quand le curé de la paroisse l'en ôta en 1649 et le fit installer à son emplacement actuel.

Les gens l'appellent le « grand bon djeu de Pierreuse », « grand » pour le différencier du crucifix vénéré plus bas dans la rue, visible sur les photos précédentes.


 


Dans la seconde moitié du XXe siècle, les faibles loyers attirent les populations immigrées.


Pierreuse, dans sa partie basse en tout cas, prend l'atmosphère d'un village cosmopolite, où apparaissent toute une série d'associations pluriculturelles militant en faveur des droits de l'Homme, condamnant la mondialisation ou réclamant davantage de logements sociaux...


Au printemps 2006, on vient d'ouvrir une épicerie « conviviale » appelée « Chez Dju Dju». Une société coopérative pour récréer un commerce de proximité dans un environnement défavorisé.

Quand on pense que 60 ans plus tôt, de nombreux commerces animaient la rue : magasins d'alimentation générale, boulangeries, boucheries, tabacs-cigares-liqueurs, salons de coiffure, librairies... En 1939, on dénombrait jusqu'à 16 épiceries !

 


 

La ville essaie de rendre une réputation touristique au quartier. Au n° 38 de la rue Pierreuse, par exemple, une série d'escaliers permettent d'accéder aux vestiges du couvent des Minimes et aux terrasses de l'Ordre Teutonique.

Cliquez ICI pour ouvrir, en popup, une galerie de photos concernant ces murs anciens et les paysages qu'on y découvre.




SÉRIE 2 : la rue Fond Saint-Servais.

La rue Fond Saint-Servais longe la tranchée ferroviaire de la gare du Palais
(photos de juin 2006).

 

Certains immeubles y témoignent d'un passé aristocratique.


Le Fond Saint-Servais dans son nouvel environnement (photo de mars 2008), à la suite des travaux d'extension du palais de justice et du réaménagement de la gare du Palais.

La rue tient son nom de l'église Saint-Servais, qui aurait été fondée en 933
par l'évêque Richer (ou Richaire).

 
Saint Servais est l'évêque qui évangélise les Gaules au IVe siècle. On lui attribue la création de l'évêché de Tongres, qui deviendra, six siècles plus tard, la principauté épiscopale de Liège.

De l'oratoire roman d'origine, il ne reste que la base de la tour

Depuis le XIIIe siècle, l'église présente un aspect gothique, primaire d'abord puis flamboyant dès la fin du XVIe siècle, après la destruction d'une partie de l'édifice, provoquée en 1583 par l'effondrement de la partie supérieure du clocher. Entre deux fenêtres ogivales de la façade principale, une statue de l'évêque Richaire, fondateur de l'oratoire primitif.

 

En août 1981, un incendie criminel a fortement endommagé l'église. Le feu a totalement détruit la toiture, les vitraux et une partie du mobilier. L'édifice restauré n'a toujours pas retrouvé une toiture qui lui rendrait son volume extérieur.

 
Au milieu du XIXe siècle (bizarrement, le clocher n'apparaît pas sur le dessin). La porte cochère, à gauche de l'église, est l'entrée des presses de la Gazette de Liége.
 
Un siècle plus tard. La tranchée du chemin de fer a totalement modifié l'apparence des lieux.

C'est la mise en service d'une petite ceinture ferroviaire, à la fin du XIXe siècle, qui isole le quartier Saint-Servais de la place Saint-Lambert.


Le percement du tunnel sous Pierreuse débute en 1873. Les bâtisses que l'on aperçoit sur la droite de la photo sont rasées
en 1878
 
 

En cette fin du XIXe siècle, des explosions nécessitées par le creusement de la tranchée ferroviaire secouent les fondements de l'église et provoquent divers dégâts d'importance.

La fabrique d'église obtient de l'État des dédommagements qui lui permettent de restaurer l'édifice de 1883 à 1891.



Du côté du Fond Saint-Servais pendant les travaux d'aménagement du chemin de fer à la fin du XIXe siècle.

Le même endroit 130 ans plus tard, pendant les travaux d'extension du palais de justice.

 
Au tout début du XXe siècle.


 
En août 1981, pendant l'incendie d'origine criminelle qui détruira la toiture, les vitraux et une partie du mobilier.



Les photos de l'incendie de l'église Saint-Servais sont des copies de diapositives fournies par Wlilli Dorren de Grivegnée.


 
Au tout début du XXe siècle.
 
En mars 2008.

 
Carte postale colorisée du début du XXe siècle.
 
Le même endroit en 1962.

 
L'entrée de la rue Fond Saint-Servais du côté de la rue Pierreuse, au début des
années 1960.
 
Ce tronçon de la rue a disparu lors des travaux d'extension du palais de justice (photo de 2008).

 
La rue Fond Saint-Servais en 1962, avec la rue Pierreuse dans le fond.
 
Le même endroit, hélas, en 2009 !


La rue Fond Saint-Servais dans la seconde moitié du XIXe siècle (en tournant le dos à Pierreuse).

La même perspective en 1968.


En 2006.



SÉRIE 3 : la rue Volière

La rue Volière relie la rue Fond Saint-Servais à la rue Pierreuse et au Péri.

 
Au tout début du XXe siècle.
 
En juin 2006.

Mars 2008 : à gauche, la rue Volière ; à droite, les travaux d'extension du palais de justice.


 

À l'emplacement montré ci-contre, il existait, dès le XIIIe siècle, un immeuble dont la façade était ornée d'une enseigne représentant une volière. Cette enseigne a fini par donner son nom à la rue.

Une autre version raconte qu'un habitant ayant voyagé en Italie, au XVIe siècle, en aurait ramené la passion d'élever des oiseaux exotiques.

Dès le XIVe siècle, les frères cellites s'occupent à Liège de prendre soin des pestiférés (en 1346, une épidémie de peste noire frappe la cité) et d'enterrer les indigents. En 1519, le prince-évêque Erard de la Marck leur attribue la mission de s'occuper des « insensés ».

Leur couvent est établi rue Volière. La chapelle Saint-Roch, édifiée en 1558, fait partie de l'ensemble monastique. Elle est connue pour son orgue du XVIIIe siècle.

https://www.chapelle-voliere.be

 

Saint Roch (1295-1327) est originaire de Montpellier. Probablement médecin de formation, il consacre sa vie à combattre la peste, principalement en Italie.

Sur l'illustration ci-contre, on le voit montrant sa plaie, lui-même ayant contracté la maladie.

Fêté le 16 août, il est prié dans le cas des infections contagieuses.


 
La chapelle Saint-Roch au XIXe siècle.
 
En juin 2006.

Lors des périodes révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle, l’hospice est laïcisé ; il continuera ses activités psychiâtriques jusque dans la seconde moitié du XXe siècle, quand la vétusté des lieux exigera un déménagement dans de nouvelles installations (dont l'entrée se trouve désormais montagne Sainte-Walburge).

Acquis par le Fonds du Logement des Familles nombreuses de Wallonie, le bâtiment de la
« Licorne », vestige de l'ancien couvent, est en cours de restauration pour devenir un complexe de logements sociaux.

 

Juin 2006. Àremarquer dans le fond : l'arrière de la chapelle Saint-Roch

 



SÉRIE 4 : au Péri, ou Pèrî.

Le nom « Péri » (qu'on trouve aussi avec un « y ») partage probablement son origine avec
« Pierreuse », à cause des carrières de pierre exploitées jadis dans ces endroits.

Au départ de Pierreuse, la rue du Péri (baptisée officiellement « au Péri » depuis 1970) commence par un escalier puis rejoint le site de la Citadelle.

Les Minimes voient leurs biens vendus en 1798, et leur couvent, déjà pillé, est finalement détruit. La cour qui évoque leur nom présente aujourd'hui des habitations privées...

 

Le portail que l'on voit sur la photo ci-contre permet d'accéder à la cour des Minimes, du nom d'un ordre religieux installé là dès 1624.

 





... dont les jardins sont soutenus par quelques murs anciens ayant échappé à la destruction.

 




SÉRIE 5 : l'extension du palais de justice.

Parallèlement au réaménagement de la gare du Palais, la ville de Liège entreprend, dès septembre 2005, la construction d'une extension au palais de justice.

 
Les degrés Saint-Pierre au début
du XXe siècle.
 
Les premières démolitions, place Saint-Lambert, au milieu des années 1970.

 
En juin 2004 : un chancre urbain
depuis une trentaine d'années.

 

Le 28 septembre 2005 : l'inauguration du chantier pour l'extension du palais de justice.


 
En avril 2006.
 
Dans le futur.

Ce n'est pas la première fois qu'une annexe au palais de justice est envisagée à cet endroit. La photo ci-contre date de 1982. On y aperçoit les fondations d'un bâtiment qu'on n'a jamais terminé. Les opposants au projet, à cette époque, ont fait valoir qu'il était inadmissible de dissimuler la façade du palais.

 

En ce début du XXIe siècle, ce sont les riverains de Pierreuse qui se plaignent du projet monumental qui va complètement isoler leur quartier du centre-ville.

 
Juin 2006 : on aperçoit toujours le Fond Saint-Servais et Pierreuse, malgré le début des travaux.
 
Mars 2008 : les nouvelles constructions ferment la place, on distingue à peine un fragment de l'église Saint-Servais.

 
Tout début du XXe siècle : le square Notger et Pierreuse.
 
Mars 2008 !


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