La gare du Palais et le Cadran




 
Le tissu urbain situé entre le palais de justice et le faubourg Sainte-Marguerite a subi des bouleversements considérables à la fin du XIXe siècle. Le plan ci-dessous représente la configuration des lieux en 1827, à la veille de l'indépendance de la Belgique ; consultez-le quand il est fait référence dans les explications à des rues aujourd'hui disparues :

1 : la place Saint-Lambert /   2 : la rue Pierreuse /   3 : les degrés Saint-Pierre /   4 : la rue Saint-Pierre /   5 : la rue Neuve /   6 : la rue des Ravets /   7 : la rue Salamandre /   8 : la rue Fond Saint-Servais /   9 : la rue Table de Pierre /   10 : la rue Devant Sainte-Croix /   11 : la rue Saint-Hubert /   12 : le mont Saint-Martin /   13 : la rue Saint-Séverin /   14 : la rue Fond de l'Empereur /   15 : la rue Agimont.

A :  le palais de justice /   B : la Cour d'appel /   C : les anciennes écuries du palais devenues une caserne /   D : l'église Saint-Clément désaffectée /   E : l'ancienne collégiale Saint-Pierre en cours de démolition /   F : l'église Saint-Servais /   G : la collégiale Saint-Croix /   H : l'ancien couvent des Bons Enfants (devenu le siège de l'administration provinciale) /   I : l'ancien couvent des Filles de Sainte-Claire.

Le rectangle rouge délimite approximativement l'espace occupé de nos jours par les places des Bons Enfants et du Cadran ; l'ovale préfigure l'emplacement de l'actuelle gare du Palais.



SÉRIE 1 : le chemin de fer de ceinture.

La seconde moitié du XIXe siècle connaît l'essor des chemins de fer. En 1865, on ouvre une ligne pour relier Liers à Vivegnis, tronçon qui permet de recevoir des convois en provenance des Pays-Bas, via Hasselt et Tongres. Voilà la lisière nord-est de Liège, industrielle, desservie par le rail ; on décide alors de la relier aux Guillemins (où une gare existe depuis 1842) par une voie ferrée de ceinture.

Cette jonction Vivegnis-Guillemins entraîne le percement de plusieurs tunnels, sous la colline de Pierreuse et sous le Publémont. Ce chantier d'envergure, de la première adjudication à l'inauguration de la ligne, va durer de 1869 à 1877.

 
Le première de ces deux vues date d'avant 1870 ; la seconde, de 1900. L'aménagement du chemin de fer de ceinture a profondément modifié les alentours du palais de justice

 

Ces immeubles formaient l'angle de la rue des Ravets (1) et de la rue Salamandre (2). Ils ont été démolis lors du chantier de la voie ferrée de ceinture. Le muret longeait la rue Table de Pierre, rebaptisée rue de Bruxelles en 1877.

 

En février 2007, pendant la construction des annexes du palais de justice.

 

 
Le percement du tunnel sous Pierreuse en 1873.
 
Une foule de curieux vers 1900.

En juillet 2008. La tête du tunnel n'est plus apparente.


Retour au chantier de la fin du XIXe siècle, avec cette vue du Fond Saint-Servais éventré.

 

Ci-contre, le chantier vu depuis la rue Pierreuse :

1 : l'église Sainte-Croix.
2 : la basilique Saint-Martin.
3 : l'église Saint-Servais.
4 : la future tranchée du chemin
de fer.


 
Le même endroit en 1982 et 2008.


SÉRIE 2 : la première gare du Palais.

Les Guillemins sont loin du centre-ville. Dès 1847, les autorités songent à établir une gare au cœur même de la cité, mais il faut attendre 1871 pour que le conseil communal décide de la faire construire près du palais des princes-évêques, dans le cadre des travaux relatifs au chantier du chemin de fer de ceinture.

La première gare, dès 1877, est une modeste construction de briques, bois et bitume :

 
La première gare du Palais et ses annexes à la fin du XIXe siècle.
 
Le même endroit en juin 2004.

 
Le tunnel à la fin du XIXe siècle.
 
En septembre 2003.

 
Un train à vapeur sortant du tunnel sous Pierreuse, vers 1900.
 
Le même endroit en mai 2006, avec une locomotive Diesel.

 
Du côté des quais en 1904.
 
En octobre 2003.

En mars 2008, pendant les travaux d'extension du palais de justice.


SÉRIE 3 : la gare de 1905.

À l'aube du XXe siècle, la gare du Palais est jugée indigne d'une ville qui se prépare à accueillir de nombreux visiteurs à l'occasion de l'Exposition universelle prévue pour 1905.

La construction intiale est remplacée par un bâtiment néogothique, en harmonie avec l'aile du palais qui abrite le gouvernement provincial.

 
Sur cette carte postale « Belle Époque », le bras de la dame s'appuie sur une vue du tunnel sous Pierreuse avant 1905.
 
Le même endroit après 1905, avec la gare construite à l'occasion de l'Exposition universelle.

 
La gare du Palais en 1905, due à l'architecte Edmond Jamar.
 
L'hôtel provincial à la même époque.

Le même endroit en 2001. La gare inaugurée en 1905 se trouvait là où circulent les camionnettes jaune et orange.

En 2006.

En 2008.

 
Une carte colorisée de la gare du Palais, avec cachet postal de 1909.
 
L'entrée de la gare souterraine au début des années 1980.

 
Les quais de la gare au début
du XXe siècle.
 
Fin 2003.

 
Au début du XXe siècle.
 
En août 2008.

 
La gare du Palais dans les années 1960.
 
En avril 2013.

 
Le site de la gare du Palais vu de la place Saint-Lambert : un bâtiment néogothique en 1960 et des installations souterraines en 2008.

 
L'intérieur de la gare néogothique dans les années 1950.
 
L'intérieur de la gare souterraine
en 2008.

 
En 1976.
 
33 ans plus tard.

 
Sur le quai de gare en mai 1976. Dans le fond, on distingue les buildings du Cadran.
 
En 1978. Les buildings du cadran ont été démolis.

Dans le cadre de la folie destructrice qui sévit à l'époque, la gare du Palais néogothique
disparaîtra dès 1979.


 
Milieu des années 1970 : la gare du Palais de 1905 va bientôt disparaître.
 
2006 : la gare est « enterrée » depuis plus de vingt ans, et le site un interminable chantier.

Mars 2008 : les travaux d'aménagement des extensions du palais de justice progressent rapidement, mais les nouvelles constructions masquent désormais Pierreuse et ses coteaux.



SÉRIE 4 : la gare actuelle.

Depuis le tout début des années 1980, la gare est donc souterraine,
avec une partie des quais à ciel ouvert.

 
Les travaux d'aménagement de la gare souterraine en 1979.
 
Le même endroit en 2008.

Rapidement, la gare et ses accès, vu leur situation sous le niveau de la voirie, souffrent de gros problèmes de vandalisme et d'insécurité.

 
Cette entrée située au sommet de la rue Haute Sauvenière est prévue, au début des années 1980, pour accéder à la gare par une galerie commerciale souterraine sous le Cadran.
 
Les lieux, vingt ans plus tard, sont dégradés et n'inspirent plus la moindre confiance !



L'entrée du couloir souterrain est définitivement condamnée dès 2007.

L'échafaudage, sur la photo ci-dessus, dissimule l'église Sainte-Croix, en attente d'une restauration depuis des décennies.

 

Voici, pour le plaisir, le contenu du carré rouge à l'aube du XXe siècle.

 
La galerie souterraine au début des
années 1980, promise au commerce et devenue rapidement un passage malfamé.
 
Depuis le 12/12/2012, l'endroit est devenu un espace événementiel et culturel nommé « Le Cadran ».

2006. Même l'entrée principale de la gare du Palais, rue de Bruxelles, offre un navrant spectacle. La station, pourtant, est fréquentée par de nombreux navetteurs et touristes, avec un trafic quotidien de plus de 3000 voyageurs.

En 2007-2008, la société SNCB-Holding Patrimoine s'occuope de restaurer les lieux. Pour réduire le risque de nouvelles dégradations, des caméras sont installées pour surveiller constamment les lieux.

 

Opération de nettoyage des tags

 

 
L'entrée principale de la gare souterraine en 2006, indigne du centre-ville.
 
L'endroit rafraîchi en 2008.

 
On a parlé un temps d'une nouvelle gare pour 2010 !
 
En fait, la seule nouveauté depuis fin 2012, c'est le bâtiment d'entrée du complexe événementiel souterrain « Le Cadran ».


SÉRIE 5 : la place Notger.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle (cf. première photo ci-dessous), la butte où se trouve la rue Saint-Pierre arrive tout près de la façade occidentale de l'ancien palais des princes-évêques.

 
Vers 1860 (au-delà de la butte et des immeubles de la rue Saint-Pierre, on aperçoit le clocher de l'église Saint-Servais).
 
En 1974.


 
Gravure de Milheuser, 1649. La flèche indique la façade occidentale du palais, à gauche de laquelle se trouvait autrefois, sur la butte, la collégiale Saint-Pierre.
 
La collégiale Saint-Pierre en 1735 (gravure de Remacle Le Loup). Fondé au VIIIe siècle par l'évêque Hubert, l'édifice a été démoli de 1811 à 1860.

 
Cette photo prise en 1982 permet de réaliser la différence de niveau (quelque cinq mètres) entre la rue Saint-Pierre et la place Saint-Lambert.
 
La place Notger et la rue de Bruxelles
en 2013.

À l'emplacement de l'actuelle place Notger, il n'existe autrefois aucune voie charretière permettant d'accéder au centre-ville. La rue Saint-Pierre (1a et b) aboutit par une pente raide (1b) aux rues Neuve (2) et Derrière le Palais (3). Seule une volée d'escaliers, les degrés Saint-Pierre (1c), descend vers la place Saint-Lambert.

C'est en 1841 qu'on décide le principe d'ouvrir une voie entre la place Saint-Lambert et la rue Neuve (future rue de Bruxelles). Elle s'appellera la rue Notger (la flèche), du nom du premier prince-évêque de Liège à la fin du Xe siècle.

 

Les expropriations commencent en 1845 et entraînent la démolition de l'ancienne église Saint-Clément et Saint-Trond (4). La nouvelle voirie est percée en 1846. Vu les différences de niveau, un pont est prévu pour qu'elle puisse passer sous la rue Saint-Pierre.

 
Le pont Notger.


 
De nos jours (photo de 2008), à deux pas de là, c'est la passerelle de la Principauté qui enjambe la rue de Bruxelles.


Dessin du palais de justice du côté de la place Saint-Lambert. On y aperçoit le pont Notger, qui ne disparaîtra qu'en 1860.

En 1842, on projette de restaurer le palais de la place Saint-Lambert, déjà destiné à la justice, pour y transférer le siège du gouvernement provincial, établi jusque-là dans l'ancien couvent des Bons Enfants. L'incendie de ce couvent, en 1845, précipite les événements.

Le projet de restauration du palais est soumis à un concours que remporte l'architecte Jean-Charles Delsaux. La caserne annexée au palais est rasée (cf. plan en haut de page), et la façade occidentale est totalement remaniée de 1849 à 1853, avec l'ajout d'un hôtel provincial dont le style néogothique s'accorde parfaitement avec l'ensemble. La rue Notger est élargie et rectifiée pour la rendre parallèle
à la nouvelle aile du palais.

 

La façade du palais provincial à la fin du XIXe siècle.
 
Dans les années 1960.

En novembre 2008.


En 1862, les autorités communales décident de dégager l'espace en face du palais provincial, pour y créer « un lieu agréable de promenade et de rencontre ». Le déblaiement d'une partie de la butte aura lieu en 1867, mais il faudra attendre 1872 pour que le parc reçoive ses décorations florales.

La création du square Notger en face du palais provincial. À gauche : les immeubles de la rue Saint-Pierre, au sommet de la butte en partie enlevée. À droite : la rue Neuve (future rue de Bruxelles).

 

 

Le même endroit à la fin du XIXème siècle 

 

 


À gauche du square Notger, un escalier monumental relie la place Saint-Lambert à la rue Saint-Pierre, qui mène aux rues Saint-Hubert et Mont Saint-Martin, sur le Publémont. À droite, la rue Saint-Pierre elle-même se termine en aboutissant rue de Bruxelles, en face de la gare du Palais.

 
Le square Notger et les degrés Saint-Pierre au début du XXème siècle.
 
Le square Notger et la rue Saint-Pierre au début des années 1950.

 
Les degrés Saint-Pierre en 1969.
 
En 2000, avec un mur de béton pour soutenir la rue Saint-Pierre.

 
En 1969.
 
En 2003.


 

Ces deux photos (qui m'ont été fournies par Jean-Jacques EYEN) montrent les degrés et la descente de la rue Saint-Pierre juste avant les démolitions entamées en 1974.


Depuis 2009, cette appellation a été rendue à une volée d'escaliers qui relie la place Saint-Lambert à la rue de l'Official (dans l'îlot Saint-Michel, près de la passerelle de la Principauté qui enjambe la rue de Bruxelles).
 
 
Au début du XXe siècle.
 
Vers 1975.
 
En 2013.

Sur les deux photos qui suivent, le rectangle rouge indique l'endroit où se trouvaient le square Notger et les degrés Saint-Pierre.


En 2006 et une trentaine d'années plus tôt

 

Cette photo de 1979 m'a été prêtée par André DRÈZE, auteur de « Liège, 100 vues aériennes d'une ville millénaire ». Les degrés Saint-Pierre et le square Notger ont disparu (1). Un chantier absurde (2) envisage la construction d'un bâtiment moderne qui cacherait la façade du palais provincial. La place Saint-Lambert et l'espace Tivoli, de 1977 à 1979, connaissent d'importantes fouilles archéologiques (3)

Autres vues concernant le square Notger :

Avant la gare néogothique de 1905.

 
Au début du XXe siècle, avec la gare de 1905

 
Après 1911, date de l'installation dans le square de la statue à gauche sur la photo.
 

Un chantier et un peu de verdure
en 2007.


 

Le monument modern'style ci-contre est une oeuvre du statuaire liégeois Oscar Berchmans (1869-1950), élève de Léon Mignon. Il est dédié à Georges Montefiore-Levi (1832-1906), ingénieur des mines de l'université de Liège, industriel, homme politique et grand mécène.


La statue représente la Patrie protégeant ses enfants. Elle en a vu, cette belle Dame, « des amoureux qui se bécotent sur les bancs
publics », comme le chantait Brassens !


 

La belle Dame s'en est allée dans le container des encombrants, lors des incompréhensibles destructions de la fin des années 1970.

 
Lui préférerait-on des « œuvres d'art » constituées de détritus, dans un environnement de béton (photo de
novembre 2008) ?

Retrouvée dans un dépôt et restaurée en 1995, la statue d'Oscar Berchmans a été exposée dans la cour de l'hôtel Somzé, en Féronstrée (échevinat de l'Environnement).
 
Depuis août 2012, elle a été replacée à proximité de son emplacement originel, au sommet des degrés des Dentellières qui relient la rue du Palais et la rue Pierreuse

 
En 1974.
 
En 2013.

 
La gare du Palais et le square Notger au début du XXe siècle.
 

En mai 2009.


Regards vers la place Saint-Lambert dans les années 1950 et en 2007

 
Le square Notger au début des années 1970, avec son célèbre magnolia.
 
2008 : un magnolia a été replanté dans le peu de végétation qu'on a laissé devant la façade occidentale du palais.


SÉRIE 6  : la rue de Bruxelles.

La rue de Bruxelles et la gare du Palais au début des années 1970.

La rue de Bruxelles, où se situe l'entrée de la gare du Palais, relie la place Saint-Lambert à la Place des Bons Enfants, dans le quartier du Cadran. Elle est l'assemblage des anciennes rues Notger, Neuve et Table de Pierre (cf. plan en haut de page).

À l'origine, c'est la muraille de Notger et ses dépendances qui s'étirent à cet endroit, avec la Légia comme fossé. Après le démantèlement au XIIIe siècle de ce tronçon de rempart, s'établissent là des rangées d'habitations qui vont peu à peu donner naissance à une voie nouvelle qu'on appellera la rue Neuve.

C'est en 1863 que la rue Neuve (qui ne l'est plus depuis longtemps) est officiellement rebaptisée la rue de Bruxelles. L'artère est rectifiée et élargie dans les années 1870, lors de la création du chemin de fer de ceinture. En 1877, elle absorbe la rue Table de Pierre (dont l'appellation provenait d'une enseigne du XVIe siècle).
Le plan du quartier à la fin des années 1960, avec le cours de la Légia
(dessin d'Émile Jeuniaux).

 
La gare du Palais, le palais du gouverneur et le début de la rue de Bruxelles en 1904.
 
En février 2007, pendant les travaux d'extension du palais de justice.

 
La gare du Palais et la rue de Bruxelles en 1904, en direction du Cadran, avec le pont d'Arcole (montré par la flèche rouge).

 
En octobre 2006 (l'église Sainte-Croix est visible depuis la destruction des immeubles de la rue de Bruxelles dès l'extrême fin des années 1970).

C'est en 1871 que l'on construit une passerelle pour franchir à pied la tranchée du chemin de fer, à l'emplacement de l'ancienne rue Salamandre. Elle est officiellement appelée la passerelle Saint-Servais, mais les Liégeois prennent l'habitude de la nommer le pont d'Arcole (du nom de la bataille, près de Vérone, où Napoléon Bonaparte défait les Autrichiens en 1796).

Le pont d'Arcole en 1902.

Sur la photo ci-dessous (2009), le mur marqué 1 est situé à l'emplacement de l'ancienne passerelle. La flèche indique la tranchée du chemin de fer séparant la rue Fond Saint-Servais (2) et la rue de Bruxelles (3). Au point 4, une dalle recouvre les voies ferrées et a été aménagée en parking :



 
Le pont d'Arcole à la fin des années 1960, vu depuis la rue Fond Saint-Servais. Il sera détruit en 1975.
 
Le même endroit en 2009, avec la collégiale Sainte-Croix visible depuis qu'on a démoli les immeubles de la rue de Bruxelles.

La rue de Bruxelles, du square Notger au Cadran :

 

Le bâtiment central, sur cette carte du début de XXe siècle, est l'hôtel Notger.

À sa gauche : le square du même nom et la descente de la rue Saint-Pierre. À sa droite : la rue de Bruxelles, avec, dans le fond, le quartier que l'on appelle le Cadran.

Sur cette photo de 2008, le cercle rouge indique l'emplacement de l'ancien hôtel Notger. L'endroit où se trouvent les rangées de haies a été baptisé « place Notger » en souvenir de l'ancien square, et la flèche désigne le chantier de la passerelle de la Principauté qui va bientôt relier l'îlot Saint-Michel et la rue Fond Saint-Servais.

 
La rue de Bruxelles dans le courant des années 1970. Aucun des immeubles figurant sur ces deux photos ne connaîtra la prochaine décennie.

 
En 1974.
 
En 2008.

 

Proches d'une gare, de nombreux rez-de-chaussée de la rue de Bruxelles sont
des bars destinés à la prostitution (photo de
la fin des années 1960).


Les travaux d'aménagement de la gare souterraine du Palais àla fin des années 1970.

1. La gare néogothique peu avant sa démolition  /   2. Le chantier des voies ferrées (mise à 4 voies)  / 3. Les immeubles de la rue de Bruxelles en attente de démolition   /   4. Les immeubles du Fond Saint-Servais aussi en attente de démolition.

La rue de Bruxelles et l'entrée de la gare au début des années 1980.

 
La passerelle de la Principauté en cours de construction (photos de 2008).

En 1982 déjà, on avait commencé la construction d'un bâtiment moderne au pied de la rue de Bruxelles. Le chantier inutile a été abandonné après plusieurs années, pour ne pas masquer la façade du palais ! Deux tours en béton, futures cages d'ascenseurs, ont même été érigées, puis détruites vers 1985.


SÉRIE 7 : le Cadran et la place des Bons Enfants.

Au sommet de la rue de Bruxelles, se trouve le lieu dit « le Cadran ». L'origine de l'appellation est incertaine : peut-être le souvenir d'un cadran solaire d'antan ?

Le sommet de la rue de Bruxelles en 1974, avec le carrefour du Cadran qu'on va bientôt raser complètement. À gauche (à la hauteur de l'auto qui descend), s'ouvre la rue Sylvestre qui provient de la rue Haute-Sauvenière. En face, on distingue la place des Bons Enfants et la rue Léon Mignon. À droite, commencent les rues de l'Académie et des Anglais.

En 2009. La démolition des immeubles de la rue de Bruxelles a dégagé la collégiale Sainte-Croix. La flèche désigne approximativement l'emplacement du petit building que surmonte une publicité « Def » sur la photo précédente.

 
La rue de Bruxelles et la petite rue Sylvestre en 1974-75. Cette dernière porte le nom (du latin « silva », la forêt) d'un château légendaire qui aurait existé là au début du Moyen Âge, à l'orée des bois du Publémont.
   

 
La photo de gauche nous fait assister, à la hauteur de la rue Sylvestre, aux démolitions qui frappent le quartier à la fin des années 1970. À l'arrière-plan, derrière la grue, une flèche indique le bâtiment qu'on retrouve marqué sur la photo de droite (au-dessus de la rue Haute-Sauvenière)

Vue aérienne d'André Drèze montrant le chantier (1) de la mise à quatre voies de la gare souterraine de Liège-Palais (1978-79). À remarquer aussi le début des démolitions à l'angle de la rue de l'Académie (2) et de la rue des Anglais.

 
En 1980.
 
En 1982.
   

 
Au début des années 1990.



 
En 2000. Un nouveau chantier bouleverse la configuration des lieux. À remarquer le tunnel ferroviaire et la rampe d'accès d'un parking souterrain.
   

Le Cadran, de nos jours, depuis 2002 (photo © Galère), est une esplanade essentiellement destinée à la circulation des bus, doublée de voies routières à grand trafic.

Nous avons malgré tout échappé au pire si l'on en croit ce projet des années 1960, où l'autoroute urbaine traverse la place Saint-Lambert et se prolonge au pied de Pierreuse et des coteaux de la Citadelle.

Contiguë au Cadran, la place des Bons Enfants tire son nom d'un ancien couvent voué
à l'éducation des jeunes.

La présence de ce couvent est attestée, près du Cadran et de la rue Agimont, dès le milieu du XIIIe siècle. Différents ordres religieux s'y sont succédés, mais tous se sont consacrés à l'instruction des enfants, bien que l'on ait parlé aussi d'un hospice pour pauvres.

Lors des événements révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle, l'établissement est fermé et tranformé en caserne. Sous les Régimes français puis hollandais, on y installe des bureaux du gouvernement provincial.

Un violent incendie dévaste une partie des lieux en 1845. Les bâtiments récupérables sont occupés par les Filles de la Croix, qui ouvrent une maison de refuge pour filles repenties et jeunes déliquantes.

Ce qui reste de l'ancien couvent finit par disparaître progressivement à la fin du XIXe siècle, quand l'aspect du quartier est profondément modifié à la suite de l'aménagement du chemin de fer de ceinture.


 
La photo de gauche montre la place des Bons Enfants en 1922. Dans le fond : le tunnel ferroviaire sous la colline de Pierreuse. Les immeubles soulignés d'un trait rouge se retrouvent sur la vue de droite, prise 56 ans plus tard.

 
En 1999, pendant le gigantesque chantier qui bouleverse une fois de plus le Cadran et ses alentours.
 
En 2009.


   

 
La place des Bons enfants en 1978, en regardant vers les rues Saint-Séverin (à gauche) et Léon Mignon (à droite).
 
Vingt ans plus tard. Les immeubles mis en évidence sur la photo noir et blanc de gauche se trouvaient accolés au rectangle rouge.
   

 
La rue Léon Mignon et la place des Bons Enfants dans la première moitié des années 1970.
 
Tous les immeubles de la vue ci-contre ont disparu. Le haut bâtiment central est l'école de mécanique de la rue Léon Mignon.
   

 
L'école de fine mécanique et d'armurerie de la rue Léon Mignon (carte postée en 1907).
 
Le même endroit en 2003.

Il subsiste, au Cadran, plusieurs parcelles de terrain non occupées, friches urbaines qui font l'objet de projets immobiliers...


SÉRIE 8 : la rue de l'Académie.

Cette artère est percée en 1881 pour offrir au quartier une voie carrossable plus large et moins pentue que la rue Hocheporte, jusque-là fort fréquentée en dépit de son accès malaisé. Elle reçoit son nom en 1886 quand il est décidé d'y établir prochainement les nouveaux locaux du musée et de l'académie des Beaux-Arts de Liège (voir la série 10 consacrée à la rue des Anglais).

La flèche ajoutée à ce plan des années 1960 indique les bâtiments de l'académie des Beaux-Arts, dans les terrains situés entre la rue de l'Académie et celle des Anglais :

La rue de l'Académie au début du XXe siècle, avec l'entrée du musée des Beaux-Arts. Tout ce côté de la rue a disparu à la charnière des années 1970 et 80, en vue de la construction d'une autoroute urbaine.

Le site équivalent de nos jours (photo de 2013), photographié depuis la gare des bus de Hocheporte. Dans le fond : l'académie des Beaux-Arts vue par l'arrière, la façade principale donnant sur la rue des Anglais.

 
L'angle de la rue de l'Académie (à gauche) et de la rue des Anglais (à droite), au début du XXe siècle. Le Cadran est à cette époque le paradis des piétons.


 
L'immeuble mis en évidence sur la carte postale ci-contre, nous le retrouvons sur la droite de cette photo prise vers 1977-78. Le building central en cours de démolition est celui qu'encadrent les rectangles rouges sur les deux vues suivantes.
   

 
En 1974 depuis Pierreuse et en 1976 depuis un quai de la gare du Palais.
   


 

Les démolitions rue de l'Académie dès 1978-79.
 
Le site de la rue de l'Académie en 2013.

   

 
La rue de l'Académie en 1961. L'immeuble à tourelle est à l'angle de la rue Agimont.
 
En 2009 !

   

 

En 2006.
Le tunnel routier mène, sous le carrefour Hocheporte, à la rue Louis Fraigneux.

 
Dans l'autre sens, en contrebas de la gare des bus de Hocheporte, le côté rescapé de la rue de l'Académie.


SÉRIE 9 : Hocheporte.

Il s'agit de l'appellation d'une ancienne porte fortifiée dont l'existence remonterait au début du XIIIe siècle. En ce temps-là, on trouve la graphie « Hacarporte », et Théodore Gobert pense que Hacar est le patronyme d'un propriétaire local, riverain de l'ouvrage défensif.

Ce plan de 1740 présente l'orthographe « Hochaporte »:

 

La flèche désigne la porte fortifiée, dans le rempart qui descend de Sainte-Walburge. Le pointillé est la rue Hocheporte, dont une partie se situe à l'extérieur des fortifications.

1 : le bastion du Saint-Esprit, au sommet de l'actuelle rue Mississipi /   2 : le couvent des Jésuites anglais (actuels bâtiments de la Région wallonne) /   3 : Le couvent Sainte-Claire (emplacement de l'actuelle académie des Beaux-Arts) /   4 : l'hospice des orphelins de Saint-Éloi (actuelle école communale).


 
Les ruines de la porte fortifiée et du corps de garde dans la seconde moitié du XIXe siècle. L'immeuble à la tour carrée, sur la droite, existe toujours.
 
La rue Hocheporte est de nos jours coupée en deux par un réseau de voies rapides. Le cercle indique la tour carrée dont il est question ci-contre.

La porte que l'on voit en ruines sur la première des deux vues ci-dessus n'est pas l'ouvrage primitif, bien plus monumental, qui a été démoli en 1821 sous le régime hollandais (ses matériaux ont servi au réaménagement de la citadelle de Sainte-Walburge). Cette simple voûte en briques a été réédifiée en 1824, pour disparaître complètement en 1886.

Vers 1880, les rues de l'Académie et Louis Fraigneux n'existent pas. C'est à la hauteur des escaliers de la rue des Remparts que la rue Hocheporte reçoit la voie qui descend de Saint-Walburge.


Le même endroit vers 1960. À droite, une station-service et la rue Louis Fraigneux ouverte depuis 1940.


En 2013.

 
1922. Ancienne auberge du XVIIe siècle, la maison Magnery porte le nom de la famille propriétaire, négociants en grains.
 
Le même endroit en 2009.


   

 
La maison Magnery après septembre 1944 (les dégâts aux alentours sont dus à une explosion provoquée par les soldats allemands en fuite).

 
Le site « Magnery » lors des grands chamboulements de 1979. Des voies rapides vont bientôt relier le Cadran et Fontainebleau (Sainte-Marguerite).
   

 
La rue de l'Académie vue depuis le carrefour Hocheporte, après les destructions de 1944.


 
Début des années 1980 (photo de Willi Dorren) : tout un côté de la rue de l'Académie et du carrefour de Hocheporte a été rasé en vue de l'aménagement routier du quartier.
   

 
Le carrefour Hocheporte au début des années 1970. Le bâtiment désigné par la flèche est une école communale construite un siècle plus tôt.
 
En 1979.



   

 

En 1983, avec le creusement du tunnel routier vers Fontainebleau, que recouvrira une gare des bus.

 
La même vue en 2013, avec la gare des bus et le complexe immobilier « Les jardins de l'Académie » (dans le rectangle).

 

L'école communale Hocheporte en 2004, abandonnée depuis juin 2000 (photo de François Schreuer).

 

En 2002, la société Progerim de Wemmel achète l'ancienne école Hocheporte et les terrains s'étendant en contrebas jusqu'à l'académie des Beaux-Arts. Selon les plans de l'architecte Claude Strebelle (le concepteur de la nouvelle place Saint-Lambert), elle va ériger à cet endroit un complexe immobilier de standing (appartements et bureaux), avec vue exceptionnelle sur le centre-ville. L'ensemble, composé de trois immeubles et d'un parc privé, a été baptisé « Les jardins de l'Académie ».

   


 
La façade de l'ancienne école communale Hocheporte (photo de 2006) a été conservée et intégrée dans l'un des immeubles du complexe immobilier.
 
Les deux autres immeubles (photo de 2006) ont été construits le long des nouvelles voiries qui composent la rue de l'Académie new-look.

 

SÉRIE 10 : la rue des Anglais.

Cette rue mène du Cadran à la place Hocheporte et à la montagne Sainte-Walburge.

Elle doit son nom à un couvent de jésuites anglais établi sur le coteau de Favechamps. C'est au début du XVIIe siècle que ces religieux viennent s'installer là après avoir fui les persécutions anglicanes ; ils y fondent un collège destiné à la jeunesse anglaise qui préfère s'exiler pour profiter d'une instruction catholique.

À la fin du XVIIIe siècle, à la suite des troubles révolutionnaires, les lieux sont transformés en caserne, puis subissent diverses affectations avant de devenir, en 1880, un hôpital créé initialement pour les indigents que soignent les Soeurs de Saint-Augustin.

L'hôpital des Anglais ferme en 1984. Le CPAS de Liège met le bien en vente, car il ne peut s'en occuper. Les bâtiments se dégradent, abandonnés au vol et au vandalisme. Acquis par la Région wallonne dans l'intention d'y installer un siège décentralisé de son ministère, le complexe est restauré de 1997 à 1999.

 
L'hôpital des Anglais en 1885, vu du bas de la rue du même nom.

 
Le même bâtiment en 2006, vu de la montagne Sainte-Walburge et abritant des bureaux de la Région wallonne.

Autrefois, il existait, au pied de l'actuelle rue des Anglais, du côté du Cadran et de la rue Fond Saint-Servais, un couvent dédié à Sainte-Claire :

 
Dessin de 1880, pendant les travaux d'élargissement de la rue de Bruxelles. La flèche indique l'ancien couvent des Jésuites anglais ; la croix désigne la chapelle du couvent Sainte-Claire.

 
Le même endroit, avec la rue des Anglais, en 2009. L'ancien couvent jésuite, après avoir été un hôpital, est devenu un siège administratif de la Région wallonne ; le couvent Sainte-Claire a été remplacé, dès 1895, par l'académie des Beaux-Arts de la ville de Liège.
   

 
La petite place Sainte-Claire, du côté de Cadran, vers 1885. À gauche, le mur du couvent ; dans le fond, l'avrô (passage surmonté d'une construction) permettait d'accéder à la rue des Anglais.
 
Le même endroit de nos jours
(photo de 2006).




 


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