Les grands boulevards




Les grandes artères dont traite cette page étaient jadis des bras de la Meuse, comme en témoigne cette carte du réseau hydrographique liégeois, qui montre, en bleu clair, les multiples détours du fleuve avant que son cours ne soit simplifié à la suite de gigantesques travaux réalisés au cours du XIXe siècle :

 

1. La rue de la Régence

2. Le boulevard de la Sauvenière

3. Le Pont d'Avroy

4. Le boulevard Piercot

5. Le boulevard d'Avroy

6. L'avenue Blonden

7. Fragnée

8. La Dérivation

9. L'Ourthe

Nous allons nous intéresser au Petit Paradis, à l’avenue Blonden, au boulevard d’Avroy et aux Terrasses, au Pont d’Avroy et au boulevard de la Sauvenière. Mais nous ne suivrons pas cet ordre conforme au sens d’écoulement des anciens bras de la Meuse concernés ; j'ai préféré respecter la chronologie des événements et vous proposer cette promenade historique à partir du centre-ville vers l’extérieur.

 

SÉRIE 1 : le boulevard de la Sauvenière.

Le méandre de la Meuse autrefois compris entre le pont d’Avroy (1) et le pont d’Île (2) s’appelait le canal de la Sauvenière (en bleu) :

L'eau-forte ci-dessus, due au graveur germano-suisse Matthaeus Merian,
date de 1650.

 

À l'emplacement du cadre rouge, on découvre actuellement le paysage ci-contre (photo de 2008). À droite, derrière le building, on devine le dôme et le clocher de la collégiale Saint-Jean en Île.

 

Si l'on parle de canal à propos de ce bras de la Sauvenière, c’est parce que son cours naturel est aménagé par l’homme dès la fin du Xe siècle. C'est le premier prince-évêque, Notger, qui fait rectifier et approfondir le lit de ce bras de la Meuse, pour réguler les inondations qui menacent fréquemment le quartier de l'Île.

Notger est également célèbre pour avoir entouré Liège, dès 983, d’une imposante muraille. Le canal de la Sauvenière, au pied de la colline du Publémont, sert aussi de fossé défensif à ce rempart.

 
Ce dessin donne un aperçu des fortifications de Liège au XIe siècle. Au-dessus à gauche, surplombant le canal de la Sauvenière, on aperçoit la basilique Saint-Martin (dans le cercle rouge) et les remparts du Publémont (colline occidentale de la ville, dont le nom provient du latin « publicus mons », la montagne publique).

Le nom « Sauvenière » (« Sav’nîre » en dialecte wallon) serait issu du latin « sabulonaria », mot qui évoque l’exploitation du sable. En effet, lors des travaux gigantesques ordonnés par Notger, notamment ceux concernant les remparts, il a fallu ouvrir le flanc de la colline avec l’opportunité d’en extraire du sable en grande quantité.

Le flanc de la colline ! Il est certes fantaisiste sur cette gravure, l’une des plus anciennes représentant Liège, due au XVIe siècle à Ludovico Guicciardini, gentilhomme florentin établi à Anvers.


Le Publémont y prend l’allure d’un pain de sucre, mais on aperçoit bien, au bas de ce relief exagéré, le canal de la Sauvenière (en bleu foncé), avec le quartier du même nom (dans le rectangle rouge), traversé par une rue parallèle au cours d'eau, nommée rue Basse Sauvenière.

 

La rue Basse Sauvenière, de nos jours, est reléguée au rang de ruelle, à l'arrière des immeubles dont la façade donne sur le boulevard de la Sauvenière

Tout un tronçon se sent véritablement à l'étroit depuis le chantier (photo de mai 2009) de l'hôtel Crowne Plaza, établissement touristique de luxe qui récupère, en les restaurant, de superbes bâtisses anciennes établies sur le Publémont, mais qui a nécessité, dans la vallée, la construction d'un monstre de béton (à droite sur la photo)

 

Il est difficile d’imaginer, au su de la situation actuelle, que la rue Basse Sauvenière constituait autrefois un axe urbain principal, habité par des dignitaires ecclésiastiques, des notables politiques, des hommes de loi, des commerçants et artisans aisés...

Dès le début du XIIIe siècle, l’importance du quartier nécessite d’en renforcer la défense : l’enceinte notgérienne du Publémont est prolongée par une fortification reliant Saint-Martin au canal de la Sauvenière, avec l’établissement, dans la vallée, d’une tour crénelée et d’une porte fortifiée.

Cet ouvrage militaire est primitivement désigné comme le « postice », voire le « postiche » de la Sauvenière. Ces graphies ont probablement un rapport avec la fonction de poste de garde. La tour complète le rôle défensif attrinué par Notger à la collégiale Saint-Jean, située sur l’Île, de l’autre côté du bras de la Meuse : une chaîne peut être tendue entre les deux rives pour entraver toute attaque par voie fluviale.

C'est au début du XVe siècle que le nom des Bégards s’impose pour désigner le site, en rapport avec l’ordre religieux mendiant qui s'établit dans les alentours (sur les hauteurs de la colline, prétend la tradition, bien que soit plausible une localisation plus proche du rivage).

La tour des Bégards en 1725 (dans le cercle rouge, détail d'une gravure de Gabriel Bodenehr)

1. La basilique Saint-Martin, sur la colline du Publémont.

2. Le rempart de Saint-Martin au canal de la Sauvenière.

3. Le canal de la Sauvenière (bras de la Meuse).

4. La collégiale Saint-Jean en Isle.

5. Le quartier de l'Île (l'Isle).

 


La tour de garde et la porte emmuraillée au XVIe siècle (détail d'une gravure de Braun et Hogenberg).






        

À gauche, la g
ravure de Merian présente les lieux en 1650, on aperçoit une barque qui suppose l'existence d'un passage d'eau entre le rivage des Bégards et le quartier de la collégiale Saint-Jean en Isle. On a même imaginé, dès le XVIe siècle, de construire là un pont fortifié, pour améliorer les communications et renforcer le système défensif de la cité.

À droite, il s'agit du même endroit trois cent ans plus tard : un bras de la Meuse devenu boulevard et une importante gare des bus.  

   

Le cours canalisé de la Sauvenière, voie navigable accédant aux abords de la place Saint-Lambert, contribue autrefois au développement commercial, avec notamment l’aménagement d’un port à l’emplacement de l’actuelle place de la République Française.

La gravure qui suit, datant du XVIe siècle, montre le canal de la Sauvenière arrivant au port fluvial de la place aux Chevaux (l’actuelle place de la République Française). Il s'agit de la vue que l'on a depuis le pont d'Île (voir rubrique Opéra - République Française ).

À droite, la collégiale Sainte-Croix fondée par Notger en 979. À gauche : la basilique Saint-Martin, au sommet du Publémont :

Les cadres rouges permettent la comparaison :


À la fin du XVIIIe siècle, le canal de la Sauvenière est devenu insalubre. Le manque d’entretien a laissé les encombrements réduire le débit du cours d’eau. Les mois chauds, l’endroit dégage des odeurs insupportables et constitue un dangereux foyer d’infection à cause des ordures qui s'y accumulent.

Cette vue présente le canal de la Sauvenière vers 1790, rendu impraticable par les détritus et alluvions. À droite, on aperçoit, au pîed du Publémont, les maisons du quartier Basse Sauvenière ; à gauche, la collégiale Saint-Jean en Isle ; au milieu, marquée d’une croix, une tour dite du péage, souvenir d’un passage d’eau en pleine désuétude :

Dès 1801, sous le Régime français, il est décidé de diminuer la largeur du cours d’eau et d’assainir la berge de la rive gauche en la remplaçant par un quai le long des façades arrière de la rue Basse Sauvenière. Les travaux commencent en 1808, avec ordre, pour réaliser l’ouvrage, de récupérer les débris de la cathédrale Saint-Lambert, dont les ruines restent à l’abandon depuis la démolition entamée en 1794, à la suite des événements révolutionnaires qui ont mis fin à l’autorité des princes-évêques et incorporé la principauté de Liège à la république française. Ordre aussi de faire travailler les prisonniers de guerre capturés lors des campagnes militaires napoléoniennes.

La porte Saint-Martin, sur les hauteurs du Publémont, près de la basilique du même nom, est détruite dans le même but : fournir des pierres pour la construction du quai, lequel va porter le nom de son concepteur : le baron Charles-Emmanuel Micoud d’Umons, préfet du département de l’Ourthe.

L'aquarelle ci-dessous (Musée d'Art Religieux et d'Art Mosan, Grand Curtius Liège) date de 1814. Les soldats qui défilent sur le quai Micoud appartiennent aux troupes prussiennes qui se préparent à affronter Napoléon.

En 1815, après la défaite de Napoléon à Waterloo et l’intégration de la Belgique au royaume des Pays-Bas, le quai Micoud est rebaptisé quai de la Sauvenière.

 
Le quai de la Sauvenière en 1826, sous le régime hollandais (l'autre rive est toujours encombrée d'alluvions).

 
En 1837, au début de la Belgique indépendante. Planté de tilleuls depuis 1834, le lieu est devenu une promenade pour la bourgeoisie très aisée.

La gravure ci-dessus à droite propose un aspect idyllique, car le canal reste un égout à ciel ouvert ; certains textes d'époque parlent d'un cloaque repoussant aux eaux nauséabondes et nuisibles à la santé.

 

C'est en 1844 que ce qui reste de l'ancien bras de la Meuse est définitivement voûté et transformé en égout de grande section.

Il ne reste rien des voûtes d'époque, car le réseau a été modernisé au fil des siècles.
La photo ci-contre présente l'égout de la Sauvenière de nos jours (à la hauteur de l'hôtel Mercure) ; la photo m'a été fournie, et je l'en remercie, par Roland LAPIERRE, responsable des services d'égouttage de la ville de Liège.


L
e terrain gagné en surface permet d’élargir la chaussée et de créer une vaste allée de promenade, qui prend officiellement, en 1848, le nom de boulevard de la Sauvenière.

 
La promenade dans les années 1860, vue non plus du centre-ville, mais dans le sens d’écoulement de l’ancien bras de la Meuse.
 
 
Entre 1868 et 1871, pendant la restauration de la tour de la basilique Saint-Martin.
 
En 2009.

     
 
Dès 1871, des tramways circulent sur un des côtés du boulevard, parallèlement à un large terre-plein réservé aux piétons. D'abord à traction chevaline, ils deviennent électriques dans les années 1890.
 
Après les travaux de 1924-25, les trams circulent désormais sur une voie centrale, entre deux chaussées voiturières, asphaltées et bordées de trottoirs spacieux.

     
 
Vers 1910.
 
Au milieu des années 1970.
     
 
Dans les années 1920, avec une fontaine du côté du Pont d'Avroy.
 
En 2007, avec des parasols colorés.
     
 
Début janvier 1926, lors d'une crue exceptionnelle de la Meuse.
 
N'oublions pas qu'un bras de la Meuse, coulait là au Moyen Âge (reconstitution virtuelle de Roland Manigart).
     
 
En 1934.


 
En 1980. La banderole a été installée à l'occasion des festivités célébrant le millénaire de la principauté de Liège.
     
 

En 1943, pendant l'occupation.
Le drapeau ne constitue qu'un repère historique; il ne témoigne en rien d'une quelconque sympathie pour les idées méprisables qu'il évoque.

 
En 2009.
Les drapeaux sont ceux de l'Union européenne et de divers pays démocratiques membres.
     

 

En 1947.
 
Dans les années 1950.
     

 

Un projet futuriste de métro aérien
au début des années 1960.
 
Le retour du tram prévu pour 2017 (début des travaux dès 2014) !
     

Photo de 1962. Les immeubles cerclés de rouge seront démolis au changement de décennie (photo de droite) pour faire place à un luxueux hôtel appelé le Ramada Inn

 
     
 

Le Ramada en cours de construction.

 

Dans les années 1970.


Du côté de la place du théâtre :
 
À la fin du XIXe siècle.
 
Au début des années 1950.
   
 
Vers 1910.
 
Un siècle plus tard.
Sur la photo noir et blanc ci-dessus à gauche, le (1) désigne le Trianon-Pathé, une salle de cinématographie ouverte en 1908 ; le (2) est un café restaurant appelé le Petit Trianon, dont la réputation s'est accrue lors de l'Exposition internationale de 1905 ; en (3), se trouvent les locaux du journal La Meuse.

 

Le journal La Meuse est fondé en 1856, mais il s'établit primitivement rue du Pot d'Or (imprimerie) et rue Vinâve d'Île (bureaux).

 

C'est en 1874 qu'il déménage boulevard de la Sauvenière, regoupant ses activités dans l'ancien hôtel de Grady de la Neuville, maison noble lors de la splendeur de la rue Basse Sauvenière.

 

 
Les locaux du journal La Meuse en 1905, à côté d'un café-restaurant nommé le Petit Trianon.

 
Le bâtiment du journal La Meuse et le parking Trianon à la suite des démolitions de la seconde moitié des années 1970.
     
 
Les travaux de modernisation du boulevard en 1924. Le Trianon (ancien Trianon-Pathé) est devenu un théâtre pour opérettes et revues ; le Petit Trianon a disparu pour laisser sa place, en 1920, à un cinéma appelé le Coliséum.
 
Le même endroit en 1969. Il y a quarante ans que le Trianon est un théâtre wallon, et depuis 1936, le Coliséum est devenu le Crosly.



Cette carte postale a été éditée pour présenter le « nouveau » boulevard de la Sauvenière, après donc les travaux de 1924-25, et probablement même après les remises en état exigées par les inondations catastrophiques de l'hiver 1925-1926 :

À gauche, la publicité « Tom Mix » évoque un acteur américain des années 1920-30 spécialisé dans le rôle de cow-boy. Le cinéma qui affiche ce film est le Scala, ouvert depuis 1918, et qui deviendra le Carrefour en 1935 :

 
Photo de 1950 représentant un peintre inspiré par la perspective du boulevard.
 
La même perspective en 2004.

     
 
Le Trianon et le Crosly en 1969, sept ans avant leur stupide démolition !
 
Depuis 1976, l'endroit est un chancre urbain, aménagé en « parking - terrain vague ».
     

C'est aussi dans cette partie du boulevard, à la hauteur de la collégiale Saint-Jean, que la ville décide, en 1936, de construire un établissement réunissant complexe sportif et bains publics. Au terme d'un concours, c'est le projet de l'architecte Georges Dedoyard qui est retenu.

 
Commencé en 1938, le chantier de ce bâtiment à l'architecture audacieuse va connaître un important retard à cause du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Il sera inauguré en mai 1942, comportant même un avri anti-aérien pour quatre cents personnes.

 
Cette affiche publicitaire de la fin des années 1940 est explicite. Les bains de la Sauvenière, ce n'est pas seulement une piscine, mais aussi un établissement proposant baignoires et douches publiques, à une époque où la salle-de-bains est encore rare à domicile.


            

Le
rez-de-chaussée est prévu pour devenir une gare des bus, mais pendant la guerre, il est affecté aux services de rationnement, puis de ravitailement à la libération. La station communale d'autobus ne rentrera en fonction qu'en 1950.
     
Fermés en 2000, le bâtiment des bains de la sauvenière a été sauvé de la destruction après son classement en 2004 comme monument historique. Il doit être restauré et transformé en musée de la citoyenneté, selon un projet de l'association MNEMA.

Depuis le mont Saint-Martin :
 

Dans les années 1920.
 
En 2007.



SÉRIE 2 : le Pont d'Avroy.

Cette appellation rappelle qu'il existait là (1), avant que les boulevards ne remplacent le canal
de la Sauvenière (2) et la rivière d'Avroy (3), un pont reliant le quartier de l'Île (4) au
faubourg Saint-Gilles (5).

Ci-dessus, un détail d'une gravure de 1574, due aux artistes allemands Braun et Hogenberg.


À l'emplacement du cadre jaune, on découvre actuellement le paysage ci-contre (photo de 2009).

 

Ce pont est probablement construit dès le XIe siècle. En tout cas, le chroniqueur Jean d'Outremeuse signale son existence sous le règne du prince-évêque Réginard (1025-1037). Dès le XIIIe siècle, l'entrée de la ville y est protégée par une porte fortifiée.

 

En 1468, cette porte est détruite lors du sac de la ville ordonné par Charles le Téméraire.

Cinq ans plus tard, on nettoie toujours le lit du bras de la Meuse, encombré par les amas de pierres.


L'ouvrage fortifié reconstruit subit divers outrages au cours des siècles. En 1514, par exemple, le pont est brisé par une débâcle des glaces. En 1643, il ne supporte pas une terrible inondation, d'autant plus qu'il est fragilisé par les constructions qu'on a laissé construire dessus.

Tant que le bras de la Meuse est entretenu et navigable, le pont comporte trois ou quatre arches selon les époques.

 

 

Au tout début du XIXe siècle, sous le Régime français, rappelons-nous que l'on diminue la largeur du canal de la Sauvenière pour aménager le quai Licoud.
Ce rétrécissement du cours d'eau
entraîne
la transformation du pont d'Avroy, qui, en 1812, est privé des restes de sa porte fortifiée et réduit à une seule arche.


Ci-contre, le pont d'Avroy en 1815.

     
 
Le quai de la Sauvenière (ex-quai Licoud) et le pont d'Avroy en 1826.
 
Le boulevard de la Sauvenière, vu du carrefour Pont d'Avroy en 2009.


En 1831, la rivière d'Avroy est voûtée et transformée en égout (comme le canal de la Sauvenière en 1844) : le pont est supprimé et laisse son nom au carrefour qui le remplace.

 

Le carrefour du Pont d'Avroy en 1880

 
     
 
Les trams à traction chevaline dans les années 1880.
 
Le tram 4 en 1932.

     
 
Le Pont d'Avroy à la fin du XIXe siècle (dessin publicitaire pour les établissement Flament, magasin de tabac-cigares au pied de la rue Saint-Gilles).
 
Vers 1900, à la veille de grands travaux qui vont élargir et embellir la rue du Pont d'Avroy (en vue de l'Exposition
universelle de 1905).
   
 
En 1904.
 
Un siècle plus tard.

 

À l'occasion de l'Exposition Universelle de 1905, la rue du Pont d'Avroy (qui mène à la place de la Cathédrale Saint-Paul) est élargie et accueille de nombreux commerces. Le bâtiment que l'on voit à l'angle droit de la rue et du boulevard surprend à l'époque par son avant-gardisme. Il abrite d'abord un magasin appelé « Galeries du Pont d'Avroy », avant de devenir le « Régina », dont le cinéma et la piste de danse connaissent le succès au lendemain de la Première Guerre mondiale.

 
Carte postale colorisée de 1910.

 
La fontaine lumineuse à la fin des années 1920, début des années 1930.

 
Un bunker établi par l'occupant allemand en 1940-45 (Le tag « Germany kaputt » permet de supposer que la photo a été prise à la Libération).
 
Chasseur Hunter de la Force aérienne belge, exposé en 1964 pour la promotion d'un film de guerre programmé dans les cinémas du quartier.

 
En 1956-57.
 
En 1962.

 
Dans les années 1960, avec un « Régina » new look dans le style « cage-à-poules » de l'époque.
 
À la fin des années 1970 (l'hôtel « des deux boulevards », à gauche, vient d'être sinistré par un incendie).

 

Le chantier de l'école Hazinelle vers 1960.

 

 

Les buildings Régina et Hazinelle
en 1962.


 
Un trolleybus au pied de la rue Saint-Gilles, au début des années 60.
 
Un bus au même arrêt en mars 2006.


 
Le Pont d'Avroy fin 2007, agrémenté d' « artistiques » et onéreux parasols colorés.

 
Au tout début du XXe siècle, avec des élégantes sur la terrasse supérieure du Régina.
 
Vue prise en 2008 depuis le dernier étage de l'école Hazinelle.


         
Au tout début du XXe siècle, puis en 2008. Le bâtiment souligné d'un trait rouge abrite actuellement la banque Delen (ex de Schaetzen). Il y avait là, dès le XIVe siècle, un hospice pour voyageurs pauvres et pélerins de Saint-Jacques de Compostelle.

 
À la fin des années 1930, avec
une horloge fleurie en guise
de rond-point.
 
En 2008. La brasserie, au coin à droite de la rue Saint-Gilles, est le café des Carmes, bien connu des Liégeois.

 

Le café des Carmes vers 1900
(alors brasserie du Pont d'Avroy).

Le même en 1962



En direction du boulevard de la Sauvenière :

Vers 1900, à la « Belle Époque ».
     
 
Un trolley au début des années 1930
(on distingue à droite un morceau de la fontaine de l'époque).
 
Un arrêt de bus et un kiosque à
journaux en 1995.


 

Le boulevard de la Sauvenière vu du Régina à la fin des années 1930

et en 2008


SÉRIE 3 : le boulevard d'Avroy.

« Avroy » ( « Avreû » en wallon ) viendrait du bas latin « arboretum », servant à désigner un lieu planté d’arbres. Au Moyen Âge, on désigne ainsi la forêt qui, des collines de Saint-Gilles et de Cointe, descend jusqu’à la Meuse. Les appellations « Bois d’Avroy » et « Bois-l’Évêque », au sommet du Laveu, évoquent ces forêts giboyeuses où le prince-évêque aimait chasser.

Dans la vallée, un foyer de population s’est développé autour de l’église Sainte-Vérone (Sainte-Véronique), octroyée en 1034 par le prince-évêque Réginard à l’abbaye bénédictine de Saint-Laurent, qui vient de s’établir sur le Publémont.



Sur la vue ci-dessus ( gravée en 1574 par les Allemands Braun et Hogenberg ), la flèche indique l’église Sainte-Véronique. Autour d'elle, dans la vallée, les bois touffus d’antan ont cédé la place àdes champs et prairies. Les habitations s’alignent le long du fleuve, où se sont développées les activités portuaires et piscicoles.

La rivière d’Avroy

 

On appelle ainsi, des origines au début du XIXe siècle, la portion de la Meuse comprise entre le prieuré des Augustins ( 1 ) et le pont d’Avroy ( 2 ), en aval duquel elle se prolonge par le canal de la Sauvenière qui a fait l’objet de la série 1. Le cours de la Meuse marqué ( 3 ) est l’actuel boulevard Ferdinand Piercot.

 

Détail d'une carte de Milheuser ( 1649 ).

La rive droite, du côté du quartier de l’Île, est protégée d’un rempart dès le XIIIe siècle, rempart rédifié au XVIe et séparé du mur d’eau de la rivière par une languette de terrain parfois garnie de verdure.

À la pointe méridionale de l’Île, l’abbaye bénédictine Saint-Jacques a été fondée en 1015 par le prince-évêque Baldéric II, successeur de Notger.

Le plan ci-contre présente les lieux en 1737. À l’angle des deux bras de la Meuse, un arveau est situé sous la tour aux lapins, tour qui fait partie du système défensif de la cité. Cette entrée grillagée permet de dévier une partie du courant dans l’enceinte de l’abbaye. Appelé la Rivelette, ce bief actionne les moulins personnels du monastère.

L’église Saint-Remy, détruite à la fin du XVIIIe siècle, a été remplacée par la place Saint-Jacques. Le cloître de l’abbaye préfigure l’actuelle place Émile Dupont, et les jardins à la française sont de nos jours une zone fortement urbanisée.

 
 

L'abbaye Saint-Jacques au XVIIIe siècle (d'après Remacle Le Loup, dans « Les délices du pays de Liége » de Saumery.

On remarque, à l'avant-plan, les jardins à la française représentés sur le plan ci-dessus. L'église, dans le fond, est tout ce qui reste actuellement de ce monastère.



 
L'abbaye Saint-Jacques au début du XVIIIème siècle. L’église abbatiale, reconstruite au XVIème siècle, est un chef-d’œuvre de l’art gothique flamboyant. À l’arrière-plan à droite, on distingue la rivière d’Avroy.
 
Sur cette vue aérienne de 1979, ce sont les arbres du boulevard d'Avroy que l'on aperçoit à la place de l'ancien bras de la Meuse.



La rive gauche de la rivière d'Avroy, autrefois, présente une berge naturelle que longe un chemin de halage bordé de quelques maisons. À l’exception du faubourg Saint-Gilles proche du pont d’Avroy, l’endroit est champêtre. C’est probablement cette solitude à deux pas de la ville qui incite des Pères augustins, au milieu de XVe siècle, à ériger là le prieuré qui va souvent servir de point de repère dans nos explications.

Au début du XVIIIe siècle, l’Église de Liège, propriétaire des lieux, dégage les moyens financiers pour transformer l’ancestral chemin d’Avroy par un quai de pierre. En 1716, on modernise le rivage des Augustins, où un port naturel s’est formé sur la grève en pente douce. L’année suivante, commence l’aménagement, en aval, d’une promenade agrémentée par une centaine de marronniers d’Inde.

En 1717, le tsar Pierre le Grand, en villégiature à Spa ( son médecin lui a prescrit une cure thermale ), est reçu à Liège. La flotille impériale, en provenance de l’abbaye de Flône, arrive par la Meuse et accoste au débarcadère des Augustins, où un carrosse attend l’illustre visiteur, lequel s’extasie devant la beauté de ce bord de Meuse.

Cette vue gravée en 1750 par l’Allemand Friedrich Bernhard Werner montre bien les rangées de marronniers qui contribuent à l’élégance de la promenade d’Avroy. À droite de ces arbres, face au bras de Meuse devenu le boulevard Piercot, le clocher effilé est celui de l’église Sainte-Anne, lieu de prières érigé par les Augustins au début du XVIe siècle (et remplacé dès 1766 par un édifice de style néoclassique conçu par l'architecte liégeois Barthélemy Renoz).

Le rivage d’Avroy devient rapidement le lieu de promenade préféré des bourgeois fortunés et personnages de haut rang. Pïerre-Lambert de Saumery, dans les délices du pays de Liège (ouvrage publié de 1738 à 1744) parle du lieu « le plus agréable de la ville, propre à délasser l’esprit et à charmer les sens ».

Le quai d'Avroy en 1740. À droite, dominent les bâtiments de l’abbaye Saint-Jacques. L’arveau grillagé est celui où s’engouffre la Rivelette, ce bief créé par les moines bénédictins pour alimenter leurs moulins. Dans le fond à gauche, on aperçoit les frondaisons de la promenade et plus loin le pont d’Avroy. À l’avant-plan, le bateau est la barque marchande en provenance de Huy. Une botteresse est assise en attente de marchandises à transporter.
Il y a longtemps que les buildings bordant l'ancienne rivière devenue boulevard cachent le quartier de l'église Saint-Jacques :

À la fin du XVIIIe siècle, l’état de la rivière d'Avroy est devenu lamentable. Les atterrissements se sont multipliés, aggravés par les détritus de toutes sortes dont se débarrassent impunément les riverains. Les promeneurs se plaignent des odeurs, et la barque marchande de Huy éprouve de plus en plus de difficultés à être traînée jusqu’au pont d’Avroy.

Dès le début du XIXe siècle, la batellerie ne tire plus aucun profit du cloaque. En 1830, il est décidé de le voûter pour lui substituer un aqueduc couvert. Commencés en 1831, les travaux de remblai se terminent en 1835.

 

Le rivage des Augustins en 1838 (lithographie gouachée du Britannique Thomas Shotter Boys). L’artiste tourne le dos à la rivière d’Avroy qui vient d’être comblée. Le morceau de Meuse que l'on voit à gauche, à l'endroit où il bifurque pour suivre ce qui est devenu le boulevard Piercot, sera asséché et comblé dans la seconde moitié du XIXe siècle.
 

Le même endroit un demi-siècle plus tard, la Meuse ayant définitivement cédé sa place au boulevard d'Avroy.

Désaffectée à la suite des événements révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle, l'église des Augustins a été rendue au culte en 1886 et dédiée au Saint-Sacrement.


La rivière d’Avroy remblayée, on élargit la promenade existante, avec de nouvelles rangées d’arbres. Aux alentours, les terrains restés jusque-là fort agricoles s’urbanisent rapidement. Dès 1836, un jardin botanique est aménagé dans le Bas-Laveu, et de nouvelles voies de communication sont percées pour le relier au futur boulevard d’Avroy, en lieu et place des sentiers étroits et sinueux d’antan : la rue des Augustins est ouverte en 1838, la rue Darchis l’année suivante ; de belles demeures sont construites par centaines, et le quartier en plein développement devient l’un des plus aristocratiques de la ville.

Il faut attendre 1848 pour que l’ancien quai, du Pont d’Avroy aux Augustins, reçoive officiellement l’appellation de boulevard.

 
Gravée en 1852, cette vue montre le boulevard fréquenté par la haute bourgeoisie.


L'église est celle de l'abbaye de la Paix Notre-Dame, fondée en 1628 par des Soeurs bénédictines qui se consacrent à l'éducation des jeunes filles. Leur établissement a survécu malgré les bouleversements révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle.

Dessin (probablement fin XIXe siècle) représentant le couvent des Bénédictines et ses jardins. Les flèches indiquent un boulevard d'Avroy exagérément arboré.
Ci-dessous, le même endroit au début du XXIe siècle
             (vue aérienne réalisée grâce à Bing Maps) :
 
La promenade d'Avroy en 1900, à la hauteur de l'église des Bénédictines.
Un siècle plus tard :




Dès 1852, un kiosque à musique attire les amateurs de fanfare, des concerts étant organisés les dimanches après-midi et les soirs d'été.
 
 
Ce kiosque, au départ, est établi à la hauteur de la rue Darchis, là où se trouve actuellement le monument dédié à Frère-Orban, politicien célèbre du XIXe siècle, d'origine liégeoise.
 
Le monument Frère-Orban en 2009. Depuis 1952, une grande partie de ce tronçon du boulevard est livré au parcage automobile !



 
Le boulevard d'Avroy vers 1910.
 
Un siècle plus tard.
     
 
Au tout début du XXe siècle, à proximité de l'église des Bénédictines : un cavalier trotte près du kiosque à musique.
 
Le même endroit en 2009.


     
 
Au tout début du XXe siècle.
 
En 2003.

Au début du XXe siècle, près de l'emplacement de l'actuel athénée Léonie de Waha, se trouve le casino Grétry. Inauguré en 1865 comme salle de bal, cet établissement devient, par la suite, un théâtre, un jardin d’été, une salle de patins à roulettes, une salle de concert , une salle de ventes (1900), une salle de spectacles wallons (1903), avant d'être transformé, en 1907, en piscine sous le nom de « Bains Grétry » (qui fermeront après la Première Guerre mondiale).

 

Ce qu'est devenu l'emplacement du Casino Grétry au début des années 1960. De nos jours, le porche marqué d'une flèche est l'entrée d'un parking.
 
Le couloir qui mène au parking rappelle le passé théâtral des lieux, avec les cadres qui annonçaient autrefois les spectacles à l'affiche.

Après la deuxième guerre mondiale, les bâtiments des Bains Grétry sont transformés en garage Mercédès.

Actuellement, la verrière de l'étage du parking rappelle la piscine d'antan

 

 

Sur ces deux vues (1962 et 2009), le bâtiment central est l'athénée
(anciennement lycée) Léonie de Waha :

 

À l'emplacement de ce complexe scolaire, existait autrefois une verrerie, connue dès le XVIIIe siècle pour le travail du cristal à la manière de Venise. Cette manufacture a fermé en 1852, et ses bâtiments sont devenus une cité ouvrière.

 
Le porche d'entrée de l'impasse nommée « cour de la Verrerie », dans une façade de style Louis XIV.
 
La cité de logements ouvriers dans la cour de la Verrerie.


La cour de la Verrerie disparaît à la fin des années 1930, quand l’échevin Georges Truffaut initie à cet endroit la construction d’un nouvel établissement scolaire pour héberger l’Institut Supérieur de Demoiselles, créé en 1868 par la pédagogue et féministe Léonie de Waha de Chestret, puis confié à la Ville de Liège au début du XXe siècle.

 

        
La mise en oeuvre du lycée Léonie de Waha est confiée à l'architecte Jean Moutschen, qui conçoit un bâtiment moderniste et monumental, nécessitant des techniques
de construction révolutionnaires.

 
L'institut est inauguré en septembre 1938. Fonctionnel, il intègre aussi des œuvres d’art originales créées par divers artistes wallons (fresques, bas-reliefs, mosaïques, peintures, vitraux). Dans l’esprit des concepteurs, il s’agit de former les générations futures de jeunes filles en leur faisant côtoyer quotidiennement la beauté artistique. Ce témoin de l’architecture moderne wallonne est classé depuis 1999.


La rue Bertolet (du nom d'un peintre liégeois du XVIIe siècle) assurait la communication avec la rue des Clarisses et la place Saint-Jacques. Elle n’existe officiellement plus, absorbée par la nouvelle avenue Destenay inaugurée en 1975.


Début janvier 1926 : le boulevard d'Avroy inondé (la flèche désigne l'entrée de la rue Bertholet).

 
La rue Bertholet au début des années 1960.
 
L'avenue Maurice Destenay en 2009.

 

Le boulevard d'Avroy à la hauteur de la rue Bertholet (début des années 1960).
 
Le même endroit en 1977.


 

L'avenue Destenay en 1979.
 
L'avenue Destenay dix ans plus tard.



Le quai d'Avroy

De 1848 à 1879, cette appellation continue de désigner le quai qui longe la portion de la Meuse entre la chapelle du Paradis et l’église des Augustins. L’installation en 1842 d’une gare de chemin de fer aux Guillemins, dans un endroit encore fort champêtre, a provoqué le développement de nouveaux quartiers, du côté de Fragnée et Sainte-Véronique.

 
Le quai d'Avroy en 1850, au niveau de l'île Colette, sur l'ancien tracé de la Meuse (l'actuelle avenue Blonden).

 
Sur cette photo de 2007, la flèche montre l'ancien tracé de la Meuse vers l'avenue Blonden. À droite, on devine le lit actuel du fleuve.

Le quai d'avroy plus en aval, près de l'abbaye Saint-Jacques. Au milieu du XIXe siècle, le cours principal de la Meuse suit les actuels boulevards d'Avroy (1) et Piercot (2).
 
Le même endroit en 1969, là où le bras principal de la Meuse, autrefois, bifurquait du boulevard d'Avroy (1) vers le boulevard Piercot (2).

Au milieu du XIXe siècle, la Meuse et l'Ourthe comporte de nombreux bras qui traversent la cité ; la navigation y est difficile, et les inondations constituent une menace permanente. De 1853 à 1863, on entreprend d'importants travaux pour rectifier le tracé de ces cours d'eau et créer la Dérivation.

 

Entre le lieu-dit Paradis (1) et le pont de la Boverie (2) (l'actuel pont Kennedy), le cours de la Meuse est redressé pour supprimer le coude brusque et dangereux à la hauteur de l’abbaye Saint-Jacques (3).

Parallèlement, on aménage un vaste plan d’eau de quatre hectares pour servir de bassin de commerce (4). En quelque sorte : le premier port fluvial de Liège. Deux chenaux équipés d’écluses en assurent les débouchés vers la Meuse. Il est même prévu, dans les projets initiaux (mais jamais concrétisés), d’installer à proximité de grands entrepôts et une station de chemin de fer (5) en remplacement de la gare des Guillemins.

Le nouvel aménagement des lieux crée une île (6) qui, par analogie avec le bassin portuaire, prend le nom d’île de Commerce : un terrain vague, marécageux, inculte, mais promis à un avenir économique considérable.


 

Cette vue aérienne d'Avroy a été obtenue grâce à Bing Maps. Placez dessus le pointeur de la souris pour lui superposer l'emplacement de l'ancien bassin du Commerce, avec ces légendes comme repères :

1. Le boulevard Piercot
2. Le boulevard d'Avroy
3. Le bassin de Commerce (comblé et de-venu le parc d'Avroy)
4. L'île de Commerce (devenue le quartier des Terrasses)
5. Le pont de Commerce (devenu le pont Albert 1er)
6. Le parc de la Boverie

La flèche montre le sens du regard pour découvrir la perspective de 1872 ci-dessous.


Le bassin de Commerce en 1872.

 
Le chenal devenu le boulevard Piercot, le voici arrivant au quai d’Avroy, à la hauteur de
l’ancienne église des Augustins devenue celle du Saint-Sacrement. Le pont tournant permet d’accéder sur l’île de Commerce. Les peupliers, à droite, seront abattus pour permettre l’installation en 1867-1868 d’une statue monumentale représentant Charlemagne à cheval.
Statue équestre que l'on voit sur la gauche du dessin ci-dessous, réalisé en 1877. Le bateau muni de roues à aubes est le Michel Orban (produit par la maison Orban de Grivegnée) ; il s’agit d’un navire à vapeur assurant depuis 1858 une ligne régulière entre Liège et Seraing. Il est amarré le long du quai Cockerill qui longe le chenal d'accès au bassin de Commerce (le côté pair de l'actuel boulevard Piercot) :
Le boulevard Piercot en 1911 (date d'affranchissement de la carte postale). Il a donc été, précédemment, lit de la Meuse puis chenal d'accès au bassin de Commerce.
 
Sur cette photo de 1868, le bourgmestre
de Liège, Julien d’Andrimont, et l’entrepreneur Hallet posent pour l’immortalité avec les artisans qui viennent de terminer le socle de la statue équestre de Charlemagne.

Ce socle imposant de style néobyzantin comporte six niches où figurent les ancêtres du célèbre empereur.

C’est le statuaire liégeois Louis Jehotte qui
a conçu ce monument dès 1855, dans l’idée de le voir trôner un jour place Saint-Lambert. L’artiste intente d’ailleurs, inutilement, un procès à la Ville quand il apprend en 1863 que l’emplacement définitif pour son œuvre est fixé en Avroy.


La statue de Charlemagne est officiellement inaugurée le 26 juillet 1868.
 
La statue de Charlemagne et l'église du Saint-Sacrement au début du XXe siècle.
 



La fin du bassin de Commerce et l'aménagement du square d'Avroy

Le bassin d'Avroy s’avère très vite mal adapté aux besoins des bateliers, contraints à de nombreuses manoeuvres difficiles. Les bourgeois d’Avroy, en outre, se plaignent de l’aspect inesthétique de cette zone aux eaux sales le long de leur promenade favorite. Quant à l’île de Commerce au nom prometteur, elle reste inexploitée car les débats s’éternisent à propos de son affectation définitive.

Le bassin de Commerce vers 1870. À droite, les bateaux à vapeur sont amarrés le long de
l’île du Commerce. La flèche indique le sens du chenal longeant le quai Cockerill, de l’église
Saint-Jacques (dont on aperçoit la toiture à gauche) jusqu’à celle de l’évêché (à droite).
Le chenal du côté du cours principal de la Meuse, à proximité de l'évêché et du pont de la Boverie (l'actuel pont Kennedy). À l'avant-plan : l'île du Commerce laissée à l'abandon
(document de 1877).
 

À la fin des années 1870, Hubert Guillaume Blonden, directeur des travaux à la ville de Liège, décide de faire combler le bassin et d'établir là un parc public.

 
Le parc à l'aube du XXe siècle (carte affranchie en 1907). L'étrang central est une réminiscence de l'ancien bassin portuaire. À droite, l'avenue Rogier, ouverte en 1879, est aussi l'œuvre de Blonden.
 
Le parc et l'avenue Rogier à la fin des années 1950 (le monument national de la Résistance a été inauguré en 1955).


   
 
À la fin du XIXe siècle.
 
En 1980.
     
 
Au tout début du XXe siècle, avec l'avenue Rogier à l'arrière-plan.
 
En 1969.

   
De 1881 à 1883, le square d’Avroy (comme on dit à l’époque) est orné d’une dizaine de sculptures en fonte bronzée, reproductions d’inspiration antique.
 
Carte postée en 1904. Le fauconnier tendant le bras pour rappeler son rapace.
 
Photo de 2007. Persée brandissant la tête de Méduse.



Le Trink-Hall

Dès 1880, le parc d’Avroy se voit doter d’un trink-hall (parfois orthographié « trinck-hall », mots d’origine germanique désignant au départ une salle de dégustation dans une station thermale). Il s’agit d’un café de style mauresque, décoré d’arabesques et flanqué de deux coupoles cuivrées. Le bâtiment correspond aux goûts de la clientèle bourgeoise de l’époque, qui apprécie ce dépaysement à l’orientale.

L'édifice actuel n'a rien de comparable avec son ancêtre, ni dans son architecture, ni dans sa destination. Depuis 1982, il abrite le musée d'art différencié du Creahm (CREAtivité Handicap Mental), association qui œuvre à developper les talents artistiques des personnes handicapées mentales.

Le Trink-Hall en 1890.
Très vite, un kiosque à musique est érigé dans le parc, près de la façade arrière du Trink-Hall. Ce nouvel édicule, aux colonnes en fonte gracieusement inclinées vers l’extérieur, finira par détrôner son prédécesseur établi depuis 1852 à la hauteur de la rue Darchis.
 
Le Trink-Hall en 1901.
 
Le Creahm en 2006.
     
 
La promenade le long du parc au début du XXème siècle.
 
La construction en 1965 d'une piste réservée aux transports en commun.
     
 
Avec l'annexe servant, dès 1885, à des séances de cinématographie.
 
L'annexe de cinématographie détruite par un incendie en 1908.
     
 
La grande salle et ses huit billards dans
la première moitié du XXe siècle.
 
L'intérieur du Trink-Hall abandonné
en 1962.
     
 
Le Trink-Hall restauré en 1921 (éléments métalliques de la toiture arrachés en 1918 par l'occupant allemand).
 
Pendant la terrible inondation de l'hiver 1925-1926.

     

Le bâtiment se délabre au fil du temps et atteint un tel niveau de vétusté que les autorités communales décident sa démolition en 1961. Un nouvel établissement sera construit en 1963, destiné à redevenir un endroit chic, où l’on organise des mariages, soirées dansantes et réunions d’affaires. Avec l’obligation que le café du rez-de-chaussée et les terrasses soient librement accessibles aux promeneurs du parc.

 
Le Trink-Hall mauresque en 1962, abandonné et délabré.
 
La maquette du Trink-Hall new look (Bureau d’Études Age-Satin).
     
Le nouveau Trink-Hall dans les années 1960.
Depuis 1982, le bâtiment abrite le Musée d’Art Différencié (MAD), géré par le CREAHM
(Créativité et Handicap Mental). Il est question, dès mai 2014, de transformer et agrandir les lieux, conformément aux plans dressés par le bureau d'architecture liégeois Aloys Beguin - Brigitte Massart.

 

SÉRIE 4 : les Terrasses.

Si le bassin de Commerce, à la fin du XIXe siècle, est transformé en parc, l'ancienne île du Commerce, elle, devient un quartier résidentiel avec des jardins publics appelés les « Terrasses ».

 
 

Carte postale colorisée du tout début du XXème siècle.
 
En juin 2007.
     
 
Les Terrasses vers 1900.
 
En juin 2007.
     
 
En 1905.
 
En décembre 2007.
     

Du côté du boulevard Frère-Orban :

 
Au tout début du XXe siècle.
 
En décembre 2007.
 
 
Au tout début du XXe siècle.
 
En décembre 2007.
     

Le site des Terrasses propose plusieurs statues de bronze, parmi lesquelles le « Dompteur de taureau » du sculpteur belge (né à Liège) Léon MIGNON.

 
Au tout début du XXe siècle (probablement une carte colorisée à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1905).
 
Un siècle plus tard.


     

Quand l'œuvre est mise en place aux Terrasses en juin 1881, elle provoque l'indignation chez les âmes bourgeoises bien pensantes ; le quotidien catholique « La Gazette de Liége » dénonce la mise valeur de la virilité du dompteur (représenté nu) et de l'animal. N'expose-t-on pas au grand jour ce que la morale impose de cacher ?

La troisième semaine de mars, les étudiants de l’université et des hautes écoles de Liège célèbrent ensemble la Saint-Torè (« torè », en wallon liégeois, signifie « taureau »).

C'est la dernière grande « guindaille » avant les examens de fin d'année scolaire. Un cortège d'étudiants traverse la ville pour se terminer aux Terasses, devant la statue de Joseph (Djôsef) et de son taureau.

 



SÉRIE 6 : l'avenue Rogier.

Dans le sens Pont d'Avroy-Guillemins, le boulevard garde le nom d'Avroy sur toute sa longueur, mais de l'autre côté du parc, le tronçon qui va des Guillemins aux Terrasses, s'appelle l'avenue Charles Rogier, du nom de l'avocat liégeois qui a participé à la révolution belge de 1830.

 
Le boulevard d'Avroy, côté
Guillemins, vers 1900.
 
En mars 2006.
     
 
L'avenue Rogier (vue de la rue des Guillemins) au tout début du XXe siècle.
 
Un siècle plus tard.


 
En 1908.
 
En 2007.

Sur les quatre photos ci-dessus, on aperçoit, à gauche, la statue dédiée à Charles Rogier, établie là en 1905 à l'occasion de l'Exposition universelle et du 75ème anniversaire de ll'indépendance du pays. Le monument est l'oeuvre du sculpteur Camille Marc STURBELLE.

La femme plantureuse symbolise la Patrie, et le lion est un emblème fréquent pour
désigner la Belgique :




SÉRIE 7 : l'avenue Blonden.

À l'origine, cette voie constitue le dernier tronçon du boulevard d'Avroy, à l'emplacement donc du cours ancien de la Meuse. Elle porte depuis 1882 le nom de Hubert Guillaume BLONDEN, directeur des travaux à la ville de Liège de 1857 à 1880, urbaniste dont les plans ont profondément l'aspect de la ville et de son fleuve (voir plus haut).

 
L'avenue Blonden en 1904, dans la prolongation du boulevard d'Avroy.
 
En 2007, au-delà du carrefour et de l'entrée du tunnel routier.
     
 
Le carrefour Blonden-Guillemins
à la fin des années 1950.
 
En 2006.

 
1905 : l'avenue Blonden du côté de la rue Raikem (du nom de Jean Joseph Raikem, juriste liégeois ayant participé, après la révolution de 1830, à la rédaction de la Constitution belge).
 
Le même endroit en 2007.





Et dans l'autre sens, depuis le bord de Meuse et l'ancien « Petit Paradis » :
 
En 1912.
 
En 2007.


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