La
place du Marché (1) se situe dans le prolongement de la
place Saint-Lambert (2) :
|
Photo
prise en 2008 depuis le dernier étage de la Cité
administrative. |
L'existence
de cette place remonte aux origines de la ville, dont la population
a besoin d'un marché pour s'approvisionner quotidiennement.
Depuis le début du XIe siècle, la rue du Pont (celle
qui menait au pont des Arches autrefois dans son prolongement), la
relie à la Meuse où se développent les activités
portuaires. La rue Neuvice (appellation provenant de mots latins signifiant
« nouveau village ») rappelle l'agglomération marchande
qui s'étendait entre la place et le fleuve.
Au
milieu du XVIe siècle, l'intensité de la vie commerçante
à cet endroit entraîne l'apparition d'un nouveau marché
en bord de Meuse (l'actuelle Batte).
Autrefois,
la place Saint-Lambert n'existant pas puisque l'endroit est occupé
par une immense cathédrale, c'est place du Marché qui
constitue le centre vital de la cité ; c'est là que
se trouvent l'hôtel de ville (1) et le perron (2), deux symboles
forts de l'histoire liégeoise :
|
|
Faut-il
rappeler que Liège, de la fin du Xe à la fin
du XVIIIe siècle, a été la capitale d'une
célèbre principauté épiscopale
?
La
carte ci-contre donne une idée de l'importance territoriale
de la principauté de Liège (au XVIIIe siècle)
par rapport à la Belgique de maintenant.
|
L'hôtel
de ville :
L'hôtel
de ville actuel date du début
du XVIIIe siècle.
Le
fronton porte la date 1718 (fin de la construction entamée
en 1714) ; il comporte les armoiries du prince-évêque
Joseph-Clément de Bavière et des bourgmestres
de Lohier et de Liverlo.
|
|
|
|
La
place du Marché, le perron et l'hôtel de ville
en 1738.
|
|
Dans
les années 1950.
|
L'hôtel
de ville de Liège est familièrement appelé
la « Violette ». Ce surnom trouve son origine
au Moyen Âge. Au XIIIe siècle, quand naissent
les institutions communales, les magistrats chargés
d'administrer la cité veulent se démarquer du
prince-évêque et du palais épiscopal.
Pour tenir leurs réunions, ils choisissent, place du
Marché, une maison bourgeoise dont le rez-de-chaussée
est occupé par des commerçants et dont l'enseigne
représente une violette.
La
reproduction ci-contre n'est pas la toute première
« maison de ville », mais celle érigée
entre 1480 et 1498 à la suite du sac perpétré
par Charles le Téméraire.
Détruit en 1691 lors du bombardement de la ville par
les troupes françaises de Louis XIV, c'est ce bâtiment
qui a été remplacé par l'immeuble communal
toujours existant.
|
|
|
|
L'hôtel
de ville en 1874.
|
|
|
|
En
1900. |
|
En
1912. |
|
|
Au
début du XXe siècle.
La façade principale, du côté de la place
du Marché.
La façade
arrière, du côté de la rue Léopold.
|
L'hôtel
de ville entièrement restauré et repeint en rouge
comme à l'origine (photos de 2004) : |
Le
perron :
Dressé
au centre de la place du Marché, près de l'hôtel
de ville, le perron est
le monument liégeois le plus populaire :
Le
perron et sa fontaine égaient cet espace chaleureux, traditionnellement
voué à la rencontre et au commerce. La plupart des maisons
voisines, qui datent des XVIIe et XVIIIe siècles, proposent
un rez-de-chaussée voué à l'Horeca :
|
Les
terrasses de la place du Marché, avec, à l'arrière-plan,
le palais de justice de la place Saint-Lambert (photo d'août
2008).
|
Le
perron en 1980.
Le
dôme que l'on aperçoit sur cette photo est celui
de l'ancienne église Saint-André, lieu de culte
fondé autrefois par l'Ordre Teutonique, dont la commanderie
était située à flanc de coteau, derrière
le palais des princes-évêques.
L'édifice actuel, avec son dôme pointu ressemblant
à un casque turc d'Anatolie, date de la fin du XVIIIe
siècle, juste avant qu'il ne soit désacralisé
lors de la Révolution liegeoise.
Le bâtiment, de nos jours, accueille des expositions
culturelles.
|
|
|
Vers
1830,
un jour de marché (aquarelle).
|
|
Septembre
2003,
préparatifs des fêtes de Wallonie.
|
|
|
|
Avant
que la Cité administrative (construite de 1963 à
67) n'émerge au-dessus des maisons de la rue Féronstrée. |
|
Dans
l'autre sens au milieu des années 1970, avant qu'on ne
démolisse les immeubles séparant la place du Marché
et la place Saint-Lambert. |
Le
monument actuel se présente tel que l'artiste liégeois
Jean Del Cour l'a aménagé en 1697, au sommet d'une fontaine
de sa conception (dont nous parlerons plus loin).
|
|
Le
perron en lui-même est une colonne de pierre dressée
sur un piédestal de trois marches rectangulaires. Les
angles reposent sur des lions couchés. La colonne est
surmontée des « trois Grâces ». Une
croix posée sur une pomme de pin domine l'ensemble.
Ce
symbole liégeois figure bien sûr sur les armoiries
anciennes de la ville ; il faut le deviner dans le nouveau
logo adopté par les autorités communales depuis
janvier 2007 :
|
Les
origines du monument primitif sont mal connues.
Dès le XIIIe siècle, c'est au pied de cette colonne
de pierre que justice est rendue. C'est d'ailleurs à proximité
qu'on établit la potence pour pendre les condamnés habitant
la cité (les autres étant suppliciés sur les
hauteurs de Saint-Gilles).
Au début, le perron matérialise les prérogatives
et la juridiction du prince-évêque. C'est à cet
endroit que sont proclamés ses édits.
Au fil de l'histoire, quand le pouvoir communal se démocratise
en passant des mains de l'évêque et des patriciens à
celles des corporations professionnelles ou métiers, le monument
devient l'emblème de l'autonomie de la ville. Jusqu'à
la fin de l'Ancien Régime, un acte officiel n'a de valeur que
s'il est
« crié » au pied du perron.
En
1467, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire
s'empare de la ville de Liège. Il fait démonter
le perron de son socle pour l'emmener à Bruges, où
il est exposé comme témoin de sa victoire.
En
1477, Charles le Téméraire est battu avec son
armée devant Nancy. L'année suivante, sa fille,
Marie de Bourgogne, restitue le perron aux Liégeois
(peinture ci-contre).
|
|
|
SÉRIE
1 : la place du Marché à différentes
époques |
|
À la fin du XIXe siècle
|
|
|
|
|
|
La
place du Marché à l'aube
du XXe siècle.
|
|
Au
début des années 80, après la démolition
des immeubles situés entre la place Saint-Lambert et
celle du Marché (actuel espace Tivoli).
|
|
|
|
Vers
1910. |
|
En
août 2003. |
|
|
Au
début
et
à la fin du XXe siècle
|
|
|
À
la Belle Époque (carte colorisée), avec un tramway
dans sa livrée d'été
(sans parois latérales).
|
|
En
1948, avec le tram blanc (livrée crème) des lignes
1 ou 4.
|
Dans
les années 1950. |
|
En
2000. |
S'il
est vraisemblable qu'un point d'eau potable ait desservi le
lieu dès le Xe siècle, l'existence
d'une fontaine n'est avérée qu'au XIIIe, avec
la mention de travaux hydrauliques pour « amener
une eau fraîche et abondante au milieu du marché ».
L'édicule a la forme d'une petite tour déjà
surmontée du fameux perron.
La
fontaine est reconstruite en 1568, enrichie de colonnes et
de bassins de jaspe.
Modifiée
encore en 1635, voici comment elle apparaît sur une
gravure d'époque du cartographe néerlandais
Frederik de Wit
|
|
|
En
juin 1691, la fontaine résiste tant bien que mal aux tirs de
canons que les troupes de Louis XIV, sous les ordres du maréchal
de Boufflers, font subir au centre-ville. Elle souffre néanmoins
d'un état de vétusté avancé, et il est
décidé de la renouveler après qu'un vent tempétueux,
en janvier 1693, ait renversé le perron qu'elle supportait.
C'est au statuaire liégeois Jean Del Cour (Hamoir 1631 - Liège
1707) qu'est confiée la tâche de restaurer et embellir
la fontaine du perron. Tâche que l'artiste mène à
bien de 1696 à 1698.
Il
existait autrefois deux autres fontaines sur la place du Marché :
celle de la Tradition (1), du côté de la rue des Mineurs,
et le « Calorifère » (2), du côté
de l'actuel espace Tivoli :
La
fontaine de la Tradition :
Ce
point d'eau remonte à 1719. Une des faces de l'édicule
comporte d'ailleurs un panneau de bronze frappé des armoiries
du prince-évêque Joseph-Clément de Bavière
et des deux bourgmestres en fonction à cette date.
|
|
La place du Marché à la fin du XVIIIe siècle,
vue depuis Féronstrée. À l'avant-plan : la
fontaine de la Tradition ; dans le fond : la
cathédrale Saint-Lambert, qui sera démolie dès
1794 dans le contexte des événements révolutionnaires
de l'époque.
|
|
En
1903.
|
|
Dans
l'autre sens en 2006.
|
|
|
On
parlait autrefois de la fontaine des Savetresses (un savetier
est un artisan qui fabrique ou raccommode des souliers), car
c'était à cet endroit du marché que se
faisait la vente des chaussures. Son appellation de fontaine
de la Tradition apparaît en 1930, à l'initiative
du musée de la Vie wallonne, quand trois autres bas-reliefs
(œuvres du sculpteur liégeois Georges Petit) sont
ajoutés pour représenter des scènes folkloriques
de la vie populaire liégeoise : le cramignon, les
marionnettes et les botteresses.
Le
bas-relief représentant les botteresses
(© Jean-Paul Remy).
|
Les
botteresses (ou botresses) formaient une corporation recrutée
sur les hauteurs de Montegnée, Grâce-Berleur, Ans, Sainte-Walburge...
Venant des terrains maraîchers, elles gagnaient les marchés
de la ville pour y vendre le contenu de leur hotte pesante.
Celles de Jemeppe étaient spécialisées dans le
transport de la viande, qu'elles amenaient place du Marché via
Tilleur et Saint-Gilles.
Une
botteresse sur une carte postale du tout début du XXe
siècle. |
|
Un
siècle plus tard : d'autres moyens de transport ravitaillent
le secteur Horeca. |
Très
dégradée, la fontaine de la Tradition a été
enlevée en juin 2012 à des fins de restauration. |
|
|
|
La
fontaine de la Tradition en avril 2006, sanglée pour
éviter la dislocation. |
|
Toujours
en attente de son retour en décembre 2013. |
Le
Calorifère :
La
fontaine montrée sur les documents qui suivent date de 1846-47.
Réalisée en « fer de fonte » (une
première, paraît-il, pour ce genre de monument), elle
n'a jamais été fort appréciée par la population,
qui la surnommait le « Calorifère »,
tant elle ressemblait à ce type d'ustensile de chauffage.
|
|
|
L'emplacement
du Calorifère au début du XXe siècle.
|
|
Cet
emplacement (la croix) fait aujourd'hui partie de l'espace Tivoli
en attente d'aménagement définitif (photo de 2006).
|
|
|
Cette
vue date de 1921. C'est en décembre de cette année-là
que le conseil communal décide la suppression de l'édicule,
ce qui sera exécuté l'année suivante. |
L'alimentation en eau des fontaines :
Cliquez
sur l'illustration ci-dessous pour accéder à un document
PDF réalisé à ce sujet par la CILE :
SÉRIE
3 : pendant les deux guerres mondiales |
Avant la construction du mémorial interallié sur
la colline de Cointe, il a existé un projet de beffroi
commémoratif sur la place du Marché. Projet proposé
par la Ville de Liège et dû à l'architecte
Paul Jaspar
|
|
Pillage
du marché par des soldats allemands en 1914.
Aquarelle
éditée en 1964 pour le 50ème anniversaire
de la bataille de Liège.
|
|
|
La désolation
après la chute d'un V1
en 1944
|
SÉRIE
4 : l'espace Tivoli autrefois |
Dès
1979, on détruit les immeubles qui se trouvaient à l'emplacement
de l'actuel espace Tivoli (voir la page consacrée à
la place Saint-Lambert.
|
Une
vue aérienne d'époque pour comprendre les lieux,
avec au centre les pâtés d'immeubles qui vont disparaître.
Les flèches désignent la rue Sainte-Ursule (1),
la rue du Général Jacques (2) et la rue de Bex
(3). |
Voyons tout cela depuis la place du Marché :
|
|
|
|
La
rue Général Jacques et l'étroite rue Sainte-Ursule
(la flèche) en octobre 1978.
|
|
Ce
qu'il en reste en mars 1979.
|
|
|
|
La
rue de Bex en 1971. Dans le fond, on aperçoit les immeubles
de la place Saint-Lambert et de la place Foch (de nos jours : l'îlot Saint-Michel.
|
|
Les
rues de Bex et du Général Jacques en 1978. Avant
1922, le Calorifère (voir plus haut) se trouvait plus
ou moins à l'emplacement de la voiture rouge en stationnement.
|
|
|
|
Le
même endroit en 1978
|
|
Au
début du XXe siècle encore, cette partie de
la place du Marché avait reçu le surnom de place
du Pilori, car elle servait à l'affichage des condamnations
à mort, sur la paroi d'une aubette proche du Calorifère.
Une
« mise au pilori » officielle en 1919,
en présence de gendarmes à cheval, sabres au
clair. À
remarquer aussi, derrière le fourgon attelé,
la présence d'un abreuvoir pour les chevaux.
|
SÉRIE
5 : quelques échoppes du marché |
|
Le
marché aux fruits en 1904.
|
|
|
Le
marché aux légumes en 1924.
|
|
|
Le
marché aux poissons vers 1950.
|
|
Autrefois,
une déviation du ruisseau nommé la Légia
(aujourd'hui canalisé) passait à ciel ouvert,
du côté de la rue des Mineurs. Les vendeurs de
poissons, installés sur ses bords, profitaient de cette
eau fraîche pour conserver leur marchandise.
|
|
Le
marché aux légumes en 1971.
|
|
|
Le
marché en 1981.
|
La place du Marché ne connaît plus, de nos jours, que
les marchés folkloriques organisés lors des fêtes
de Wallonie et de Noël.
Un
jour de marché en 1910. |
|
Le
marché de Noël en 2004. |
|
|
|
Un
jour de marché dans les années 1960 (photo prise
depuis les escaliers de l'hôtel de ville). |
|
Le
marché de Noël en 2007 (photo prise depuis la piste
pour luges installée place Saint-Lambert). |
|
|
Cliquez
sur le logo ci-contre pour accéder au site officiel
du village de Noël liégeois. |
|
|
Scènes
nocturnes en décembre 2007.
|
|