Les grands travaux de 1925-28

 

  1925. L'abbé Peters devenu vicaire général, c'est l'abbé Thomas qui est appelé à la direction de l'institut Saint-Laurent Liège.  

 Curé de Cheratte, l'abbé G. Thomas a créé en Basse-Meuse une petite école de mécanique armurerie qui deviendra plus tard Saint-Joseph Visé.

 

  Cette année-là, la section ébénisterie se distingue en remportant une médaille d'or à l'exposition des arts décoratifs de Paris. Le nouveau directeur décide de développer davantage cette option, en introduisant dans les programmes pratiques des exercices de placage, polissage, marqueterie et sculpture.

 

  Pour se rendre à l'école du bois qui fait au départ l'objet de ses attentions, l'abbé Thomas traverse souvent l'atelier de mécanique. Et là aussi, des idées d'amélioration lui viennent à l'esprit.

  Adieu l'ancienne forge, dans sa cahute extérieure, à proximité du mur qui délimite le verger voisin et que surplombent les branches d'un poirier. Elle est remplacée, à l'intérieur, par deux foyers modernes avec soufflerie électrique. Les apprentis bénéficient certes d'un matériel plus performant, mais ils regrettent les moments de rigolade autour du vieux soufflet, en maraudant « les fruits tentateurs qui n'avaient jamais le temps de mûrir »...

 
 
  Un bureau de dessin est créé dans le fond de l'atelier de mécanique, à l'abri d'une verrière.

 

  1926. L'atelier de mécanique manque de machines-outils, et les instructeurs de pratique professionnelle entreprennent de restaurer quelques engins usagés, récupérés dans Dieu sait quel cimetière pour ferrailles.

  Cet outillage rajeuni au prix de tant d'efforts ne servira pourtant qu'un trimestre. Saint-Laurent, en effet, acquiert du matériel neuf : des tours, des étaux-limeurs, une fraiseuse Jaspar et la fraiseuse universelle Gambin représentée sur la photo ci-contre à droite.

 


  Autre innovation : une passerelle aérienne relie désormais les ateliers et le premier étage du bâtiment à rue, qui comporte les classes. Les apprentis ne doivent plus traverser la cour de récréation via le patronage Saint-Joseph.

  Les verrières en arceaux, aux vitraux écussonnés, « donnent un air cossu inconnu jusqu'alors ».

 

 

  Remarquez, sur cette photo des années 1930, la présence dans la cour d'entrée, au pied de l'arbre, d'une petite grotte contenant une statue de la Vierge.

 La passerelle a été démontée lors de la modernisation des lieux en 1983, mais les vitraux écussonnés ont été conservés; ils figurent dans des cadres lumineux dans le hall d'entrée de l'auditorium.

 Le logo ISL ci-contre fait partie de ces anciens symbole.
 

 En 1928, la maison Vandresse est détruite et remplacée par le bâtiment que l'on surnomme aujourd'hui la Corée (cette appellation reste mystérieuse, peut-être à cause de sa forme en vue aérienne, forme qui pourrait rappeler la dite péninsule asiatique ?).

  La nouvelle construction est destinée à abriter les bureaux et ateliers de la Société anonyme des ateliers de Saint-Laurent. Rappelons que cette petite entreprise industrielle a été créée dès 1919 pour aider financièrement l'école, que l'Etat ne subsidie pas.

 

 


Années 1930 :
 
2005 :
 

  En 1928, la Société anonyme quitte l'espace qu'elle occupe à l'arrière de l'atelier de mécanique pour s'installer dans ses nouveaux locaux.




    L'emplacement réservé à la SA du bois (ces lieux sont actuellement l'atelier garage diesel).

  Ci-dessous, quelques documents concernant la Société anonyme au milieu des années 1930 :

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  La Société anonyme libérant de l'espace à l'arrière de l'atelier de mécanique, celui-ci s'agrandit considérablement pour atteindre 1000 m². Pendant les vacances d'août 1928, les établis, marbres et machines sont redisposés pour que les élèves soient à leur aise dans un environnement « de grande allure devant contenter les plus difficiles ». Même le magasin prend « un air aussi engageant qu'un rayon du Grand Bazar ».

 

  Une loggia est aménagée pour que le chef d'atelier (Monsieur Théâtre à l'époque) puisse « présider au bon ordre comme un capitaine de navire du haut de son poste de comman-dement ».


  L'année scolaire 1928-29 se signale par des travaux plus importants encore. Il est vrai qu'il est temps d'agrandir vu l'augmentation de la population scolaire .

  Le bâtiment qui cache l'atelier de mécanique, du côté de la cour d'entrée, est exhaussé d'un deuxième étage, pour y aménager de nouvelles classes et une salle de dessin. Depuis quelques années déjà, les trois classes du premier étage ont été aménagées en salle d'étude pour les sections de mécanique.

  Un témoin se souvient de la construction de ce second étage :

  « On était à peine aux derniers concours quand, le 22 juillet (1928), charpentiers et maçons entrèrent en maîtres dans la salle d'étude. Des équipes de gaillards solides, en quelques heures, empilèrent les bancs en échafaudages que l'on recouvrit, tant bien que mal, de grandes bâches goudronnées : en effet, il suffirait d'un bon mois, fois d'entrepreneur, pour exhausser le bâtiment d'un étage. Hélas ! la chronique n'en finirait pas de détailler tous les avatars de la malheureuse salle jusqu'au jour de janvier 1929 qui y vit le retour des élèves. N'en citons qu'un seul : l'inondation du dernier samedi de juillet. 

 

  Déjà la veille, alors que les charpentiers achevaient à peine d'enlever la toiture, un premier orage avait prouvé la précarité des bâches qui abritaient les bancs, et la salle s'était transformée en une immense flaque d'eau. Un professeur crut trouver le remède. Féru de physique appliquée et malgré le scepticisme de ses collègues, il amorça, avec un minuscule tuyau de caoutchouc, un siphon qui devait (théoriquement) vider la salle, partant du principe qu'on a souvent beseoin d'un plus petit que soi !

  Le lendemain après-midi, un nouvel orage ouvrit des cataractes telles que la salle fut transformée en bassin de natation, puis bientôt la dalle de béton en passoire. Et ce ne fut pas un spectacle banal que de voir plusieurs professeurs abandonner leur attitude solennelle pour entamer, en caleçon de bain ou a peu près, la lutte contre les éléments menaçants »...


 

  Mais le plus gros morceau, c'est la construction, dès 1928, du côté de la cour de récréation, d'un préau surmonté de deux étages de classes.

  Tout le monde apprécie, à l'époque, « le rouge mat de la galerie couverte, qui se marie avec l'ocre poussiéreux de la cour », et les arcades qui évoquent « un palais mauresque de Grenade ».


  Ce chantier n'est guère terminé lors de la visite du roi Albert 1er en mars 1929 (cf chapitre suivant). Les nouveaux locaux ne sont accessibles qu'à la rentrée de septembre suivant : les cours théoriques y déménagent, libérant le deuxième étage de la « maison de famille », que l'on transforme en dortoirs supplémentaires pour l'internat.

 


 

 

 

 

  On accède aux nouvelles classes par cet escalier. La grande porte, à gauche, est l'entrée de la salle d'étude de mécanique (actuellement une salle d'éducation physique).

  Le couloir qui s'ouvre sur la droite de la photo, le voici en 2005 :