La création de l'école C'est
en 1919 qu'est créé l'institut professionnel*
Saint-Laurent, à l'initiative du chanoine Warnotte, directeur
des œuvres sociales de la province de Liège. Il s’agit, au lendemain de la première guerre mondiale, de former des travailleurs compétents pour participer au redressement économique de la région, mais aussi d'empêcher la jeunesse ouvrière de se laisser séduire par les idées socialistes. Le but premier de l'enseignement professionnel catholique, peut-on lire en substance dans des textes d'époque, est de donner aux jeunes apprentis les connaissances techniques et l'habileté professionnelle dont ils ont besoin pour devenir des ouvriers d'élite ; mais aussi de leur conférer une formation religieuse et morale très forte, pour en faire une élite sociale. Sinon, « qu'adviendrait-il de ces braves jeunes gens, jetés dans le milieu des usines, travaillés par des idées viciées, des influences antichrétiennes et révolutionnaires ? Combien de malheureux égarés deviendraient les victimes de courants malsains ? »… Eté 1919. L'évêché acquiert une propriété sise au 29 de la rue Saint-Laurent, juste à côté du patronage Saint-Joseph, à l'emplacement actuel de l'atelier garage-diesel.
On l'appelle l'immeuble Vandresse, du nom de l'ingénieur
généreux donateur.
Va-t-on donner cours sur l’herbe du jardin, ou limer et forer à l’ombre des cerisiers, dans les vergers contigus, avec au loin le panorama de la ville de Liège ? Si un visiteur l’interroge, l'abbé Peters, animé d'un optimisme à toute épreuve, l’invite à découvrir les lieux. Au premier étage du bâtiment, par une porte basse, il le fait entrer dans une petite salle. — Le réfectoire des élèves, jette-t-il sans sourciller. Au fond, un escalier étroit, au sommet duquel s’ouvre une pièce pratiquement vide. — Nous y sommes. Voici la classe, qui servira aussi de salle d'étude et de salle de dessin. Là, le tableau. Nous attendons les bancs. Dans un coin, traînent quelques limes. — Notre premier outillage… Quant à l'atelier, je ne sais pas encore, mais il sera prêt. J'ai neuf élèves inscrits, donc nous ouvrirons ! Et on ouvre ! Le lundi 8 septembre 1919, en la fête de la Nativité de la Sainte-Vierge. 8
heures. Plus de cent élèves (d'apprentis, comme on dit
alors) attendent dans le jardin d'entrée, candidats à
l'inscription.
Les
cours théoriques se donnent, nous le savons, dans l'unique
classe aménagée à l'étage de l'immeuble
Vandresse, là où se tient aussi l'étude obligatoire
de la fin d'après-midi.
En leur souhaitant un bon repos, le directeur ajoute: « À la rentrée, nous prendrons possession de nouveaux locaux. Nous y serons à l'aise, vous les anciens et les nouveaux, à qui vous donnerez l'exemple ». Car
des travaux de construction ont commencé dès mai 1920,
avec l'aide de l'ingénieur Vandresse, l’un des bienfaiteurs
de l'institut. Il est question « de faire surgir de terre »
des bâtiments comportant un bureau technique, une salle d'étude,
un lavoir, et à l'arrière, un atelier de mécanique…
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