Le pont des Arches




Le premier pont des Arches :

Le chroniqueur liégeois Jean d’Outremeuse (1338-1400) situe en 811 la construction d'un premier pont de bois sur la Meuse. Il en attribue le mérite à Ogier le Danois, baron de Charlemagne.

Mais on connaît la fantaisie de l'écrivain, dont les oeuvres mêlent histoire et légende, et son héros épique préféré n'est qu'un personnage imaginaire !

De façon avérée, le premier pont des Arches date du début du XIème siècle, sous le règne du prince-évêque Réginard (1025-1038). Il se situe alors à la hauteur de la rue du Pont, qui lui doit son nom, pour mener à la chaussée des Prés en Outremeuse. L'ouvrage « tout de pierre », construit en grès houiller, est composé de sept arches, qui expliquent son appellation.

Le tableau intitulé « La Vierge d´Autun »
(Louvre, Paris) aurait été réalisé par le peintre flamand Jan Van Eyck au lendemain de la défaite des troupes liégeoises à Othée (1408)

L'artiste aurait ainsi représenté la cité de Liège en arrière-plan. On y trouverait donc une représentation du premier pont des Arches juste avant sa disparition.

 

Dessin d'après le tableau de Van Eyck (dans « Liège à travers les âges, les rues de Liège » de Théodore GOBERT).

Sur le dessin ci-dessus, on remarque une tour crénélée participant au système défensif de la cité, ainsi qu'une arche en bois facilement démontable en cas de menace d'invasion. Ce qui n'apparaît pas, c'est que le pont, à cette époque, est bordé latéralement de maisons destinées à l'artisanat et au commerce.

 

Dans l'impasse du Vieux-Pont-des-Arches, subsistent, dans la cave d'une habitation, des vestiges datant du début du XIIème siècle, supposés appartenir au premier pont des Arches.

 

Photo extraite de la « Lettre du Patrimoine » du dernier trimestre 2007, publication de l'Institut du Patrimoine wallon à Namur. ©MRW-DGATLP - Services extérieurs-Direction Liège I, Service de l'Archéologie, vue M. Costa-APASRel asbl, mars 2007.

Ce premier pont, après avoir résisté quatre siècles, a été emporté en 1409 à la suite d'une débâcle excessive.

Le deuxième pont des Arches :

La construction du deuxième pont des Arches, sous le règne de Jean de Heinsberg, traîne de 1424 à 1446, à la suite de nombreux problèmes financiers. Le nouvel ouvrage est établi cette fois à la hauteur de la rue Neuvice. Endommagé lors du sac de la cité, en 1468, par les hordes de Charles le Téméraire, il sera réparé vers 1477.

Le deuxième pont des Arches (1446 à 1643).
Le pont des Arches (6ème du nom) en 2003.

Gravure de 1574 (« Leodium » par Braun et Hohenberg, collections artistriques ULg)

Le pont est protégé religieusement par une chapelle dédiée à sainte Barbe, patronne des bateliers, et militairement par le «Mâle Governe », fortin flanqué de tourelles et tenu par la compagnie des arbalétriers.

Des immeubles sont construits sur le le pont, qui devient « une espece de rue, par les maisons qui bordoient ses deux costez ».

 

Le « Mâle Governe » est démoli en 1612 parce qu'il entrave la circulation et nuit à la solidité de l'ensemble. Mais de plus en plus de constructions surchargent le tablier et fragilisent les piles, dans lesquelles on creuse des caves. En 1643, une importante crue de la Meuse inonde la ville basse et emporte l'édifice.

Une passerelle de bateaux est provisoirement installée, mais on envisage une reconstrruction dès 1645.


Le troisième pont des Arches :

Pour financer le troisième pont des Arches, on lève de nombreuses taxes, dont des impôts sur les foyers et sur la bière. Les travaux commencent en 1648 pour se terminer en 1657 ; ils rétablissent le pont à son emplacement initial.

La ville envisage d'établir un péage sur le pont afin de rembourser les sommes engagées. La colère populaire fait oublier cette intention, mais les buveurs de bière, encore eux, sont remis à contribution par un nouvel impôt.

Au XVIIIème siècle.
En 2004 (la passerelle de la Régence cachant le pont des Arches).
 

 

La leçon du passé interdit toute construction sur le pont, à l'exception une chapelle à sainte Barbe.

Cette interdiction est toutefois bafouée en 1685 par le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière, qui y fait bâtir une tour fortifiée pour se prévenir des mouvements insurrectionnels en provenance des Grignoux* d'Outremeuse.

Détail d'une gravure de 1781.

* Les Grignoux désignent les gens du peuple réclamant davantage de libertés, par opposition aux Chiroux partisans de l'autorité du prince-évêque. La tour fortifiée est surnommée « Dardanelle » par les Liégeois, parce qu'elle rétrécit le passage, du nom du détroit célèbre entre l'Europe et l'Asie ; cette construction militaire sera supprimée en 1790.

Quand la principauté de Liège est réunie à la France (1795), le pont va s'appeler le pont de la Victoire, pour commémorer la victoire française sur les troupes autrichiennes appelées en renfort par le prince-évêque Hoensbroeck. Il gardera cette appellation jusqu'en 1815, quand la défaite de Napoléon à Waterloo puis les décisions du Congrès de Vienne entraînent le rattachement de la Belgique aux Pays-Bas.

À remarquer le profil du pont en dos d'âne. Dans le sens de la montée, il faut parfois l'aide de chevaux pour hisser les lourdes charrettes ; en descente, ce sont des gamins qui ralentissent les véhicules en leur « mettant des bâtons dans les roues ».

En 1810.
Au même endroit : la Batte vers 1950.
 
En 1858, le 3ème pont des Arches vit ses derniers moments (le clocher est celui de l'église Saint-Pholien en Outremeuse).
 
Le 4ème pont des Arches a été inauguré en 1860 (le clocher de Saint-Pholien a perdu sa coupole en 1893).
 


Le quatrième pont des Arches :

De 1853 à 1863, on entreprend de gigantesques travaux pour rectifier le tracé de la Meuse et créer la Dérivation (cf. la rubrique « Grands boulevards »).

C'est dans le cadre de ces importantes modifications que les autorité communales décident également de remplacer le pont des Arches par un ouvrage mieux adapté au trafic fluvial et routier.

Démolition du troisième pont des Arches en 1859

 

Le quatrième pont des Arches vers 1900.
Le même endroit un siècle plus tard (avec le sixième pont des Arches).

C'est le 29 octobre 1860 que le quatrième pont des Arches est inauguré par le roi Léopold 1er (une tentative de le rebaptiser « pont Léopold » a d'ailleurs échoué). Le nouvel ouvrage est composé de cinq arches, et huit statues ornent les piles : quatre représentent la Meuse et ses affluents ; les quatre autres constituent des allégories de l´agriculture, du commerce, de l´industrie et de la navigation.

Dans l'axe du pont, la rue Léopold est percée dès 1876. Cette élégante artère rectiligne remplace le
« fouillis de rues étroites, tortueuses, malsaines pour la plupart » que constituait le quartier de la Madeleine (cf. l
a rubrique « place Saint-Lambert »).

Les démolitions préparatoires au percement de la rue Léopold (dès 1876).
 
La perspective de la rue Léopold vers 1900.
 


Le quai sur Meuse et le pont des Arches au tout début du XXème siècle.
 
Le même endroit en 2006, avec le marché dominical de la Batte.
 

Le 6 août 1914, les troupes du génie détruisent le pont des Arches pour freiner l'avance des troupes allemandes, mais l'ennemi établit un pont de bateaux afin d´assurer la liaison entre les deux rives du fleuve.

Le pont des Arches démoli en 1914 (à remarquer le timbre du Reich allemand).
 
La passerelle établie par l'ocupant allemand.
 


Le cinquième pont des Arches :

Un pont provisoire établi après guerre,
de 1919 à 1928.
 
La construction du 5ème pont des Arches dès 1928.
 

L´ouvrage, une structure métallique composée de trois arches, est achevé pour l´exposition internationale de 1930. Sur ses piles, on dispose des statues récupérées du pont précédent.

Le 5ème pont des Arches et ses garde-corps remarquables.

En 1940, ce pont est détruit dans l'espoir, à nouveau, de ralentir l'invasion allemande. De 1940 à 48, il sera remplacé par un pont de bois provisoire installé à la hauteur du quai de la Goffe.

Le pont des Arches dynamité en 1940.
 
Le pont provisoire de 1940 à 1948.
 


Le sixième pont des Arches :

Le sixième pont des Arches est ouvert à la circulation depuis 1947
(retour la page « Quais de la Batte »).


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