Petite histoire de la ville de Liège


Liège, la « Cité ardente ». Ce surnom est en fait le titre d'un livre paru en 1905 sous la plume du comte Henry Carton de Wiart, écrivain et homme politique : il s'agit d'un roman historique qui raconte le sac et l'incendie de la ville, en 1468, par les hordes bourguignonnes de Charles le Téméraire.

1905, c'est aussi l'année de l'Exposition internationale de Liège. Quand le prince Albert (le futur Albert Ier) l'inaugure le 27 avril, il reprend l'expression « Cité ardente » pour louer le dynamisme économique de la ville, qui va montrer au monde la puissance de ses activités industrielles.

Le surnom est resté pour suggérer une cité animée, aux activités commerciales et culturelles intenses, connue pour le caractère chaleureux et bon-vivant de ses habitants.

 

* * * * *

Si l'on s'en réfère uniquement à l'entité créée lors de la fusion des communes de 1976, Liège, avec ses 197.000 habitants, est la 5ème ville de Belgique, et la 2ème de la Wallonie francophone, après Charleroi.

Mais en terme d'agglomération, Liège constitue la plus grande métropole wallonne, forte de 600.000 âmes, et la troisième de Belgique, après Bruxelles et Anvers.

Voici le nouveau logo choisi par les autorités communales liégeoises dès janvier 2007.

Cliquez dessus pour ouvrir le site officiel de la ville...

 

 

Personnellement, je préfère le blason ancien, fixé par un arrêté du Régent le 1er février 1947. En voici la description empruntée au site de Fabrice Muller, à visiter sans tarder si l'on aime Liège :

« De gueules au perron haussé, supporté par trois lions sur trois degrés, monté d'une pomme de pin, sommé d'une croix pattée, le tout d'or, accosté d'un L et G capitals de même. L'écu sommé d'une colonne murale du même et orné extérieurement, en commençant par la dextre de l'écu, des bijoux de la croix de guerre italienne, de la croix de guerre belge de 1940 avec palme, de la croix de la Légion d'honneur et de la médaille militaire pour la bravoure du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, munis de leurs rubans et mouvants de la pointe ».

Il est généralement admis que les lettres L et G, sur ce blason, désignent Liège, bien que certains les verraient correspondre à l'expression latine « Libertas Gentis », « Liberté du peuple ».



RENSEIGNEMENTS HISTORIQUES CONCERNANT LIÈGE

PRÉHISTOIRE :

Des outils en pierre taillée (dont des lamelles légères en forme de pointes servant à armer les flèches), datés de 80000 à 50000 ans avant Jésus Christ, ont été retouvés dans les environs de l'actuelle place Saint-Lambert. Des Néanderthaliens nomades, vivant de pêche et de chasse, ont donc été de passage, attirés par les multiples bras de la Meuse et leurs alentours giboyeux.

 Les fouilles de 1907, à la suite de la pose d'une conduite de gaz.
 
 70 ans plus tard, lors des « grands travaux » de la place Saint-Lambert.
 

 

Une occupation sédentaire des lieux est certaine dès le 5ème millénaire avant Jésus Christ. Au néolithique, l'Homo sapiens devenu agriculteur développe un nouveau mode de vie, comme en témoignent ses outils (lames de faucilles, meules, rabots) et ustensiles domestiques (débris de vases).

Poterie néolithique estimée à 5350 ans
avant notre ère.



ÉPOQUE GALLO-ROMAINE :

Aux Ier et IIème siècles après Jésus Christ, des bâtiments « à la romaine », équipés d'un chauffage domestique par hypocauste, occupent le site de la place Saint-Lambert, entre deux bras de la Légia (*). Probablement les constructions principales d'une « villa », c'est-à-dire d'une exploitation agricole.

(*) Ce ruisseau tortueux est aujourd'hui canalisé et souterrain. Aux époques que nous évoquons, il dévale d'Ans en suivant approximativement le tracé des actuelles rues Sainte-Marguerite, de l'Académie et de Bruxelles, pour atteindre la plaine de la Meuse où il s'étiole en différents bras. Les premiers habitants tirent profit de son cône de déjection, haut d'au moins sept mètres, permettant d'échapper aux inondations de la Meuse tout en profitant de sa proximité. Le site est à l'abri des vents du nord, et à l'opposé, le versant de Pierreuse exposé au sud est favorable aux cultures. Le vallon fournit du bois à profusion.

Le nom du ruisseau, la Légia, dérive du mot « Liège » et non l’inverse. L’appellation
« Liège » (« Liége », avec un accent aigu, avant 1946) viendrait du germain « leudico »
(« terre publique »), qui a donné « leudicus », « Leodiens » ou « Leodium » en latin ; ainsi que
« Lîdje » en wallon.

Dessin reconstituant le corps de logis de la villa romaine liégeoise

L'endroit est vraisembablement saccagé lors des invasions opérées, à la fin du IIIème siècle, par les Francs, Alamans et autres tribus germaniques.

 

 Vestiges de la villa romaine dans le sous-sol de la place Saint-Lambert vers 1970.
 
 Les mêmes vestiges dans le cadre de l'Archéoforum en 2007.
 

Pour découvrir le passé de Liège, visitez l'Archéoforum, situé sous la dalle de la place Saint-Lambert (je tiens ici à remercier Madame Séverine MONJOIE pour m'avoir autorisé à utiliser les documents relatifs au musée dont elle est la directrice) :
 


LES DÉBUTS DU MOYEN ÂGE :

Au VIème siècle, le site de l'actuelle place Saint-Lambert est occupé par une bourgade mérovingienne, construite en partie sur les ruines de la villa romaine. Le sol fertile, le long de la Légia, est exploité par une petite population rurale. Un oratoire, près des chaumières, atteste de la christianisation des lieux.

Cet oratoire dédié aux saints Cosme et Damien, la légende en attribue la construction à Monulphe, évêque du diocèse Tongres-Maastricht dans la seconde moitié du VIème siècle.

Le « leudicus vicus » (le « village public » de Liège au VIème siècle), tel qu'imaginé dans la bande dessinée « Pays de Liège, vie
d’une Église » (DUSART/VINK, ISCP-
CDD, Lg 1984)  

 

Monulphe découvrant le site de Liège, tableau de Jean Ubaghs, 1889, musée de l'Art wallon.



Si saint Monulphe fait bâtir ce lieu de dévotion, vers 558 dit-on, c'est parce qu'il est émerveillé en découvrant ce petit village blotti dans un vallon pittoresque, alors qu'il est en chemin de Dinant (dont il est originaire) vers Maastricht ; il prophétise que l'endroit deviendra plus tard une ville puissante, pour le salut d'un grand nombre de fidèles.


LE MARTYRE DE SAINT-LAMBERT :

Un siècle et demi plus tard, le diocèse de Tongres-Maastricht est dirigé par l'évêque Lambert. Quand celui-ci se déplace dans nos régions, il aime s'arrêter dans l'humble bourgade liégeoise pour prier et se reposer. Et c'est là qu'il est assassiné, avec son entourage, par les hommes d'armes de Dodon, un haut fonctionnaire de l'État franc qui veut venger la mort de deux des siens, tués un peu plus tôt par des proches de Lambert. Un problème de vendetta qui met en lumière les luttes sanglantes que peuvent se livrer deux puissantes familles rivales pour assurer leur pouvoir sur la région.

La date habituellement retenue pour ce drame est le 17 septembre 705.

 

Miniature du XIIIème siècle représentant l'assassinat de saint Lambert.

La tradition rapporte que le premier réflexe de Lambert est un réflexe de guerrier : il s’empare d’un glaive, prêt à défendre chèrement sa peau. Puis il jette son arme, renonçant à tuer, et se retire dans la chapelle. Un des agresseurs grimpe sur le toit, arrache le revêtement, aperçoit l’évêque en prière et le frappe d’un coup de javelot.

Lambert est d'abord inhumé à Maastricht, mais le lieu de son supplice attire les pèlerins, et on parle même de guérisons miraculeuses !

L'évêque Hubert (705-727) fait bâtir à Liège une église où sont transférées les reliques de son prédécesseur. Le culte voué au martyr prend tellement d'ampleur que la bourgade se transforme rapidement en une importante agglomération urbaine, qui finit par devenir le siège du diocèse en remplacement de Maastricht. Charlemagne – qui séjourne fréquemment dans son palais d’Herstal – y célèbre les fêtes de Pâques en 770.

Cliquez sur l'image ci-contre pour accéder au site du trésor de la cathédrale Saint-Paul de Liège (site réalisé par Fabrice Muller


Ce buste reliquaire de saint Lambert date du début du XVIème siècle. L'orfèvrerie en argent repoussé, ciselé et gravé, en partie doré, est montée sur une âme en bois. A l'intérieur, se trouve le crâne du martyr.

 


LIÈGE DOIT NOTGER AU CHRIST ET LE RESTE À NOTGER :

Au début du Xème siècle, la Lotharingie passe sous l'autorité des rois de Germanie. En 962, Otton I se fait couronner « empereur et auguste » par le pape à Rome. Il marche ainsi sur les traces de Charlemagne, qui s'était aussi fait sacrer empereur d'Occident près de deux siècles plus tôt.

Dès lors, et jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, Liège fera partie du Saint Empire romain germanique.

 

Notger imaginé par le peintre et dessinateur belge Louis Gallait (1810-1887).

Placé sur le trône de saint Lambert par l’empereur Otton I (936-973), l’évêque Notger (972-1008) reçoit une double mission : rétablir l’ordre à l’intérieur du diocèse de Liège, menacé par des seigneurs locaux, et se protéger des attaques extérieures.

En 980, Otton II (973-983) accorde à Notger un privilège d’immunité générale qui fait de l’évêque le seul et unique maître de ses terres et de ses possessions.

Liège n'est plus seulement la capitale d'un diocèse, mais aussi celle d'un État, une principauté épiscopale qui reste certes vassale de l'empire germanique, mais que le prince-évêque peut gérer en toute indépendance vu les pouvoirs temporels dont il dispose.

Enrichi par les dons des souverains germaniques, Notger se lance dans un vaste programme de construction qui va remanier complètement la physionomie de Liège.

Il fait construire ou achever plusieurs collégiales : Saint-Paul et Saint-Martin (commencées sous son prédécesseur Éracle), Sainte-Croix, Saint-Jean-l’Évangéliste, Saint-Denis ; et dote la cité d’une enceinte fortifiée.

A l'emplacement de l'actuelle place Saint-Lambert, il fait construire un palais épiscopal et une cathédrale dignes du nouveau statut de la cité.

La muraille de Notger :

 
P : le palais des princes-évêques.
C : la cathédrale Notre-Dame et Saint-Lambert.
HC : le quartier Hors-Château.
M : la Meuse.
Lg : la Légia.
1. la collégiale Saint-Martin.
2. la collégiale Saint-Paul.
3. la collégiale Sainte-Croix.
4. la collégiale Saint-Denis.
5. la collégiale Saint-Jean.
SL : l'église Saint-Laurent, commencée sous Éracle, sera achevée à l'époque du prince-évêque Réginard (1025-1037), pour devenir le centre d'une abbaye bénédictine.

Fondée en 987, la collégiale Saint-Denis est intégrée par Notger dans la première enceinte de la ville. Détruite par un incendie dû à la foudre, elle fut réédifiée au XIème siècle ; la tour puissante en grès houiller fait partie du système défensif de la cité

 

Vous pouvez obtenir d'autres renseignements sur cet édifice en consultant ce site, qui, en plus des pages essentiellement paroissiales et religieusement engagées, présente des détails historiques intéressants.

 

 

   L'évangéliaire de Notger.

Le caractère exceptionnel de ce manuscrit du Xème siècle réside dans la somptueuse reliure qui le recouvre ; elle est ornée en son centre d'une plaque d'ivoire en haut relief, datant des environs de l'an mil. L'iconographie représente Notger en prière sous un Christ majestueux, qu'entourent les symboles des quatre évangélistes. Les émaux ont été ajoutés au XIIème siècle.

Cette oeuvre, conservée au musée Curtius, est caractéristique des XIème et XIIème siècles liégeois, quand l'art mosan se développe sous l'impulsion d'artistes locaux qui travaillent les métaux précieux, le laiton, l'émail, l'ivoire...

     
  Carte de la principauté de Liège à l'époque féodale :

LIENS PERSONNELS :

Le perron et l'hôtel de ville de la place du Marché.
Le quartier Saint-Laurent et son abbaye bénédictine devenue domaine militaire.
Le quartier Saint-Gilles et son église romane.

LIENS EXTERNES :

La principauté de Liège, essai de chronologie.
Histoire de la principauté de Liège, encyclopédie Wikipédia.

Histoire résumée de la principauté de Liège (site de Fabrice Muller).



LA DESTRUCTION DE LA VILLE AU XVème SIÈCLE :

Pour s’approprier la principauté de Liège, le duc de Bourgogne Philippe le Bon, en 1455, impose son neveu Louis de Bourbon comme prince-évêque.

Quand Philippe le Bon meurt, c’est son fils Charles le Téméraire qui lui succède. Les Liégeois tentent alors de se révolter, mais leurs milices, en octobre 1467, sont vaincues à Brusthem (Hesbaye) par l'armée du nouveau duc.

Reconstitution d'un duel entre un capitaine bourguignon et un chef liégeois (photo extraite du site des Compagnons de la Verte Tente)

 

Les troupes bourguignonnes progressent vers Liège pour mâter définitivement la rébellion. Gui de Brimeu, seigneur d'Humbercourt, lieutenant du duc de Bourgogne, prend ses quartiers à l'abbaye de Saint-Laurent. Charles le Téméraire lui-même y loge cinq jours. Des négociations avec des notables liégeois évitent l'affrontement : le duc reçoit les clés de la ville.

A la suite de cette « Paix de Saint-Laurent », le pays de Liège devient un État vassal du duc de Bourgogne ; le prince-évêque, son simple représentant. Toutes les libertés sont abolies, et le perron, symbole de ces libertés, est transféré à Bruges !

En 1468, les revenchards liégeois se révoltent à nouveau, profitant que Charles le Téméraire est en guerre contre la France de Louis XI. Le duc entre dans « une rage qui confine à la folie ». Le 27 octobre, son armée est aux portes de Liège.

Dans la nuit du 29 au 30 octobre, les Liégeois tentent une solution désespérée avec l'aide de six cents volontaires venus, dit-on, de la région de Franchimont. Conduits par Vincent de Bueren et Gossuin de Streel, ces hommes courageux, entrés dans la légende grâce au chroniqueur Philippe de Commines, escaladent la colline de Sainte-Walburge (on dirait aujourd'hui: les coteaux de la Citadelle), au sommet de laquelle est établi le campement bourguignon. Ils comptent sur l'effet de surprise pour capturer Charles le Téméraire et inverser le rapport de force.

Le raid est une mission impossible, et les héros périssent dans un combat inégal.

La montagne de Bueren au tout début du XXème siècle.

 

Construit en 1875, cet imposant escalier (373 marches), qui mène de la rue Hors-Château à la Citadelle, commémore le nom de Vincent de Bueren, un des meneurs de la révolte en 1468 contre l'occupation bourguignonne.

Il semblerait cependant que les « 600 Franchimontois » aient atteint les hauteurs de Sainte-Walburge par les pentes de Favechamps ou de Pierreuse (cliquez ICI pour lire des explications concernant ces lieux).

Le 30 octobre, dès l'aube, les hordes bourguignonnes pénètrent dans Liège, qui est mise à sac et incendiée. Un incendie qui va durer sept semaines, raconte la légende, mais qui épargnera les édifices religieux !

Le sac de Liège en 1468 (peinture de Barthélemy Vieillevoye, 1842, Musée de l'Art Wallon, Liège)

 


En 1471, Charles le Téméraire offre ce reliquaire aux autorités religieuses de Liège. Ce présent inestimable, conservé de nos jours au Trésor de la Cathédrale, serait-il un don expiatoire, pour se faire pardonner par Dieu des atrocités commises ?


En 1477, Charles le Téméraire trouve la mort devant Nancy, et le perron revient à Liège après 10 ans d’exil.

 

Le perron est rétabli sur son piédestal le 10 juillet 1478, dans l'allégresse générale

 

Sur une des faces, il porte une inscription commémorative en latin qui signifie :

LE PERRON QUE LIÉGE REGARDE AVEC ORGUEIL
COMME L'EMBLÈME SACRÉ DE LA PATRIE
FUT REPLACÉ SUR CE PIEDESTAL LE 10 JUILLET 1478.
LIÉGE OU YIVENT LES ARTS, LIÉGE NOUVELLE ATHÈNES,
CHARLES T'A RUINÉE ET COUVERTE DE CHAÎNES !
LOIN DE TOI, PAR SON ORDRE À BRUGES EXILÉ,
J'Y SUIS RESTÉ DIX ANS, D'OUTRAGES ACCABLÉ.
MAIS CES TEMPS SONT PASSÉS DE SERVITUDE AMÈRE :
ME VOICI DE NOUVEAU SUR TON SEIN, O MA MÈRE !


LIENS :

Le perron et l'hôtel de ville de la place du Marché.
L'abbaye bénédictine de Saint-Laurent Liège, devenue domaine militaire.



LA RÉVOLUTION LIÉGEOISE :

A la fin du XVIIIème siècle, les Liégeois se sont attachés aux idées des philosophes qui, en France, critiquent l’ancien régime et demandent des réformes. Les idées nouvelles de liberté, égalité, fraternité, trouvent des adeptes de plus en plus nombreux.

Esprit émancipé, le prince-évêque François Charles de Velbruck comprend son époque et les aspirations de son peuple. Il veut l’égalité de tous devant l’impôt et se montre partisan du principe de la souveraineté nationale. Il s’avère aussi un grand protecteur des arts et des sciences.

Mais à ce prince éclairé, succède, en 1784, César Constantin François de Hoensbroeck, autoritaire, têtu, qui gouverne en s’appuyant uniquement sur le parti aristocratique. La situation de paysans et des ouvriers n’est guère enviable, les grèves et les rassemble-ments se multiplient ; le chômage et la mendicité sévissent. Bref, le peuple réclame plus de justice sociale.

Le 14 juillet 1789, les Parisiens s’emparent de la Bastille. Le 4 août, l’assemblée nationale française supprime tous les privilèges et proclame la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Les événements qui se déroulent à Paris suscitent l’enthousiasme au pays de Liège, surtout dans la capitale, où le peuple envahit le 18 août l’hôtel de ville pour proclamer Fabry et Chestret comme bourgmestres populaires. Dans l’après-midi, le prince-évêque Hoensbroeck, ramené de son château de Seraing par la foule, feint de céder, mais le lendemain, il s’enfuit et appelle à l’aide les princes allemands contre ses sujets rebelles.

Le 30 novembre 1790, des troupes, en majorité prussiennes, occupent la citadelle, et le
12 janvier suivant, l’armée de l’empire germanique entre à Liège, obligeant les patriotes les plus en vue à émigrer en France. Le retour de Hoensbroeck se manifeste par de multiples représailles.

Le 22 septembre 1792, la république est proclamée en France. Notre grande voisine, à ce moment, est en guerre, car les souverains étrangers veulent y rétablir la monarchie. Le conflit se déroule en partie sur notre sol. Le 6 novembre 1792, le général français Dumouriez inflige à Jemappes une lourde défaite aux Autrichiens ; quelques jours plus tard, il entre à Liège au milieu de l’enthousiasme populaire.

Les patriotes exilés rentrent avec l’armée française, tandis que le prince-évêque François Antoine Marie de Méan prend la fuite (Hoensbroeck est décédé quatre mois plus tôt). Une assemblée nationale liégeoise, élue par les citoyens, décide en février 1793 le rattachement de la principauté de Liège à la France.

 Les trois derniers princes-évêque de Liège, Velbruck, Hoensbroeck et Méan :
        

Mais quelques jours plus tard, les armées françaises subissent un échec, et les Autrichiens réoccupent Liège, ramenant l’ancien régime et le prince-évêque. Restauration de courte durée, car le 26 juin 1794, les troupes républicaines de Jean-Baptiste Jourdan remportent la victoire de Fleurus. Les Autrichiens évacuent le 27 juillet.

Le 1er octobre 1795, la principauté de Liège (ainsi que le reste de la Belgique) est réunie à la république française. Liège devient le chef-lieu du département de l’Ourthe.

Texte gravé sur la façade du palais de justice: « LOIX PUBLIÉES DANS LE DÉPARTEMENT DE L'OURTE »
 


LA DÉMOLITION DE LA CATHÉDRALE SAINT-LAMBERT :

Dans le contexte de la révolution liégeoise, il est décidé, dès fevrier 1793, de détruire cet édifice qui symbolise l'arrogance autoritaire de l'ancien régime. Mais un mois plus tard, la victoire autrichienne à Neerwinden (Landen, en Brabant flamand) entraîne le retour du prince-évêque et une période de répression.

Quand les troupes républicaines françaises entrent à Liège fin juillet 1794, après avoir vaincu les Autrichiens à Fleurus, la démolition de la cathédrale Saint-Lambert revient à l'ordre du jour.

En fait, cette démolition va s'accomplir lentement, car l'édifice est une mine à ciel ouvert que l'on exploite en fonction des circonstances et des besoins. Les plombs des toitures, cuivres et bronzes, sont envoyés à la fonderie « pour faire des balles pour exterminer les satellites des tyrans » ; les boiseries sont récupérées à des fins militaires ou de travaux publics; objets et matériaux sont vendus aux enchères... L'emplacement de l'actuelle place Saint-Lambert va rester un amas de ruines pendant près de trois décennies !

 La cathédrale Notre-Dame et Saint-Lambert à la fin de l'ancien régime.

 Les ruines de la cathédrale vers 1798 (les deux tours ne seront détruites
qu'en 1803).
 
Dans le fond, on devine la silhouette de l'église Saint-André, désacralisée dès la révolution liegéoise pour devenir une bourse aux grains.
 
 Le même endroit en 2007

LIEN : l'évolution de la place Saint-Lambert.

 

L'URBANISME CONQUÉRANT DU XIXème SIÈCLE :

L’essor économique dont bénéficie le bassin liégeois à partir du régime hollandais (1815-1830) a des répercussions immédiates sur les travaux publics.

On cherche d’abord à gagner du terrain à bâtir en comblant les biefs de la Meuse qui sillonnent le cœur de la ville. Ces modifications, dès 1823, donnent naissance aux rues de l’Université et la Régence, qui jouent un rôle important dans la communication vers l’université naissante et la nouvelle cathédrale.

 

La collégiale Saint-Paul devient cathédrale en 1801 (ou 1803 selon les sources).

 

La place de la Cathédrale vers 1850 (aquarelle du peintre anglais Joseph Fussell, collections artistiques ULg).


LIEN :  la place de la Cathédrale et ses environs.

Une autre décision concerne l’affectation de l’espace laissé libre par la disparition de l’ancienne cathédrale. On pense à en faire un lieu important, à l’image de l’essor de l’industrie et du capitalisme. La place Saint-Lambert naît officiellement en 1827 ; elle deviendra peu à peu la plaque tournante d’un trafic important, le point de concentration d’un commerce très actif et l’aire de distribution d’artères très animées.

 La place Saint-Lambert en 1830, avec vue sur le palais des princes-évêques
devenu palais de justice

 La place Saint-Lambert à la fin du XIXème siècle, avec vue sur les grands magasins ; l'inauguration du Grand Bazar, en 1885, consacre la vocation commerciale du site

En 1844, le bief de la Sauvenière est complètement voûté, ce qui donne naissance à une promenade plantée d’arbres, devenue l'actuel boulevard de la Sauvenière.

 Le pont d'Avroy et le canal de la Sauvenière en 1826 (dessin de Charles Rémont, collections artistiques ULg).
 
La promenade de la Sauvenière en 1860, le canal inutile et insalubre ayant été comblé en 1844 (lithographie d'André Canelle, collections artistiques Ulg).
 
 Le boulevard de la Sauvenière dans les années 1970

Au milieu du XIXème siècle, la Meuse et l'Ourthe comporte de nombreux bras qui traversent la cité ; la navigation y est difficile, et les inondations constituent une menace permanente. De 1853 à 1863, on entreprend d'importants travaux pour rectifier le tracé de ces cours d'eau et créer la Dérivation.

On profite de la rectification du cours de la Meuse pour réaliser, au sud de Liège, un bassin dit du Commerce : un port urbain de 40000 m² situé entre les Guillemins et le boulevard Piercot, parallèle au fleuve auquel il est relié par deux chenaux avec écluses.

 Le bassin de commerce (peinture d'époque)

Ce bassin s'avère très vite mal adapté aux besoins des bateliers, et l'île qui se trouve entre lui et la Meuse reste à l'abandon. À la fin des années 1870, Guillaume-Hubert Blonden, directeur des travaux à la ville de Liège, décide d'établir à cet endroit un nouveau quartier résidentiel.

Le bassin et ses chenaux sont comblés (l'étang du boulevard d'Avroy en est une survivance), et sur l'ancienne île devenue terre ferme, on aménage des jardins appelés les « Terrasses ».

 Le quartier bourgeois des Terrasses au début du XXème siècle.
 
Et dans l'autre sens en 2007.
 

LIENS :

Les grands boulevards (Sauvenière et Avroy).
La Boverie, le jardin d'Acclimatation.

La seconde moitié du XIXème siècle assiste également à l'essor des chemins de fer.

Dès 1842, une première gare liégeoise est construite dans un endroit encore champêtre à l'époque, qu'on appelle les Guillemins. C'est le temps des pionniers audacieux, comme l'ingénieur Henri Maus, qui réussit le tour de force technique de relier la cuvette de Liège au plateau hesbignon en concevant son fameux plan incliné, mis en peuvre par les usines Cockerill.

Le quartier des Guillemins se développe rapidement et mérite en 1863 la construction d'une nouvelle gare plus importante.

 La gare des Guillemins à la fin du XIXème siècle

Dès 1873, le développement du transport par rail nécessite, au centre-ville, le percement d'un tunnel sous la colline de Pierreuse ; à la fin des années 1870, on édifie la première gare du Palais (du nom du palais de justice tout proche).

 Les travaux d'aménagement du chemin de fer au bas de Pierreuse.
 
La première gare du palais vers 1878.
 

LIENS :

Le quartier et la gare des Guillemins.
La gare du Palais
.
Pierreuse.


 
Tchantchès, plus qu'une marionnette, est le héros emblématique
de la cité de Liège. Découvrez sa légende en cliquant sur la photo ci-contre.


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